Emma Grace Frost, la Reine Blanche [Terminée]

Entraînement :
J’ai une excellente coordination, travaillée avec une conduite assez sportive de voitures et de motos, un emploi de pole-danseuse et strip-teaseuse ainsi qu’un entrainement martial sportif qui me permet d’affronter une demi-douzaine de personnes non-entrainées.
Parallèlement, je peux tenir une dizaine de minutes en apnée.

Connaissances :
Née dans un milieu fortuné, j’ai reçu une éducation poussée. Je possède donc des connaissances générales étendues et continue de les approfondir à l’occasion. Elles sont avancées dans la manipulation, le leadership, la psychologie, la sexologie, la stratégie et la tactique.
Niveau études, j’ai fait un Bachelor en administration des affaires par obligation familiale puis un autre en science de l’éducation. Je suis une administratrice comme une femme d’affaires compétente et j’espère devenir une bonne professeure.

Pouvoir(s) :
Je suis une mutante à la fois naturelle et artificielle.
A l’origine, je possède une télépathie de classe oméga mais une expérience ratée visant à stocker mon énergie psychique m’a fait développer une forme adamantine psychiquement imperméable.
Ma première faiblesse découle de ce dernier point : mes deux sets de pouvoirs sont mutuellement exclusifs.

Pour le premier, j’ai un vaste potentiel ainsi que les faiblesses inhérentes à la télépathie : elle requiert une concentration complète et briser celle-ci brise mon influence sur autrui. Les portées et nombre de connexions varient selon les pouvoirs.
La première catégorie s’étend sur 100m et inclut deux capacités :
Un sens psychique, une sorte de proprioception qui détecte tous les humains et les mutants grâce à leurs schémas cérébraux.
Un projection astrale, n’affectant que moi mais me permettant d’aller sur le Plan Astral ou prendre une consistance intangible sur le Plan Physique et d’avoir un relai pour mes autres pouvoirs. Mon corps est inconscient pendant l’utilisation.
La seconde catégorie s’étend sur 10m. Ses capacités peuvent affecter jusqu’à dix personnes pendant plusieurs heures et jusqu’à une centaine de personnes pendant quelques minutes.
Premièrement, je peux augmenter la capacité et la vitesse de transmission des influx nerveux au niveau synaptique, accroissant ainsi temporairement la vitesse de cognition et les éventuels pouvoirs en dépendant. Je le fais inconsciemment sur moi-même pour gérer les informations de ma télépathie.
Inversement, je peux réduire la vitesse de transmission synaptique jusqu’à induire une paralysie mentale. La cible n’aura l’impression que d’une absence une fois la paralysie passée.
Troisièmement, je peux lire les pensées de surface (voix intérieure, émotions et perceptions sensorielles) et communiquer aussi bien les miennes que celles d’autrui. Je peux aussi créer un réseau mental entre une dizaine d’individus, servant de relais.
Quatrièmement, je peux générer des illusions mentales. Elles se substituent à la réalité dans l’esprit du sujet, même s’il peut réussir à en prouver la fausseté intellectuellement, et peuvent aller du mirage dans lequel il agit physiquement au rêve où il est immobile.
Tout comme je peux ajouter des choses, je peux en retirer pour rendre des éléments, voire des gens, imperceptibles aux sens d’autres personnes. Comme avec les illusions, il est possible de découvrir intellectuellement l’absence à défaut de la percevoir sensoriellement.
Sixièmement, je peux faire les brutales décharges mentales, lesquelles peuvent rendre une personne inconsciente voire détruire son esprit, tant sous forme de coup unique que d’un jet continu.
Septièmement, je peux manipuler la douleur, la créant ou l’inhibant. Ce second point n’affecte en rien les entraves que des blessures peuvent imposer, juste la sensation de la personne blessée.
Huitièmement, je peux dresser des boucliers mentaux, aussi bien chez moi que chez autrui.
La troisième catégorie s’étend aussi sur 10m. Ses capacités peuvent affecter une dizaine de personnes pendant une dizaine de minutes.
Premièrement, je peux lire les données cérébrales d’autrui. Cela me permet d’accéder aux souvenirs, connaissances et compétences voire de les transmettre ; évidemment, ce n’est pas car on a de grandes compétences en arts martiaux qu’on a la condition physique pour les utiliser. Les effets transmis disparaissent après quelques heures.
Secondement, je peux faire de la suggestion hypnotique. Suite à un stimulus particulier, le sujet fera une tâche simple préprogrammée. Ainsi, je tente de duper la volonté d’autrui pour qu’elle ne s’aperçoive pas de l’influence et ne cherche donc pas à y résister.
Troisièmement, il est aussi possible de vaincre ladite volonté pour la subordonner à la mienne et faire du contrôle mental. Cela entraine néanmoins une certaine zombification : si l’individu peut toujours user de ses capacités physiques, les mentales sont assurées par les miennes.
Quatrièmement, je peux essayer d’hacker les défenses mentales d’un autre télépathe ; un seul à la fois.
La quatrième catégorie s’étend sur 1m. Ses capacités peuvent affecter une seule personne.
Premièrement, je peux modifier la mémoire, truquant les souvenirs. Je peux tant en créer de nouveau qu’en rendre inaccessibles ; cet "effacement" n’est cependant jamais définitif, les souvenirs pouvant ressurgir ou être retrouvés par un autre télépathe.
Secondement, je peux réorganiser les engrammes cérébraux afin de rendre les individus psioniquement indétectables ou invisibles aux détection de mutants par ce biais.
Rareté télépathique, je suis capable de chirurgie psychique. Il s’agit d’induire des effets placebos ou somatiques pour amener le cerveau à accélérer la guérison du corps ou réparer des handicaps mentaux. Jouer avec la neurochimie est cependant dangereux, pouvant tout aussi bien faire des dégâts.

Parallèlement à ma télépathie, je suis capable de me changer en une forme cristalline psychiquement inerte, semblable à du diamant organique. Ses faiblesses sont analogues : sa densité est supérieure à celle des tissus humains, me faisant peser 195kg, mais surtout elle est soluble dans la soude comme le nitrate de potassium et a un point de fusion à 3546,85°C. Ensuite, ma forme alternative a un point faible situé au niveau du front qui, s’il est impacté sous le bonne angle, la fera exploser en fragments. Enfin, je ne peux maintenir cette forme qu’une dizaine de minutes, soit mon temps d’apnée, car elle est inadaptée aux besoins biologiques : je suis incapable de me nourrir, de dormir, de respirer ou autre.
Cette dernière faiblesse a ses avantages. Elle me rend insensible à la douleur, à la fatigue, aux émotions. Je peux fournir des efforts et continuer d’agir quoi qu’il arrive, exception faite de si je suis endommagée au-delà de la possibilité de me mouvoir.
Cependant, ma forme alternative est très résistante. Elle ne conduit quasiment pas l’électricité et ne se dilate pas sous l’influence thermique, étant donc protégée des énergies (sauf si l’on atteint la température de fusion). Elle n’a plus aucune vulnérabilité aux maladies, toxines, poisons et virus. Elle est capable d’encaisser des coups de force classe 100 (et le vol plané qui les suit) ou des attaques perforantes sans dommages, exception faire des matériaux super-scientifiques comme l’adamantium. Cependant, elle résiste moins à la tension qu’à la pression : quelqu’un cherchant à me démembrer n’aura besoin que d’une force de classe 10. Si je venais à perdre des bouts, il faudrait une intervention spécifique pour me les replacer et je les perdrais définitivement si je repasse sous forme humaine.
La dernière protection accordée par la forme alternative est une immunité à la télépathie, laquelle m’empêche d’utiliser la mienne également.
Enfin, ma force est augmentée à la classe 2 ; la capacité de soulever 2 tonnes et de faire des pressions de 19 613N.
Recensement :
Tous mes pouvoirs ont été recensés mais leurs faiblesses sont gardées secrètes.

Pour les médias et ceux qui les suivent, je suis une super-héroïne du rêve américain. Je suis à la fois sexy et pure, vêtue de blanc, blonde de cheveux, blanche de peau et bleue d’yeux, et je combats pour les avancées sociales et la justice. Je suis travailleuse et je me suis faite moi-même, une femme d’affaires qui aurait été capable de devenir riche toute seule même si elle a reçu un héritage. Je suis aussi charmante et intelligente avec une petite tendance, sans me vouloir méprisante, à envoyer des petites réflexions d’humour, d’ironie voire d’arrogance, afin de rallier à moi le plus grand nombre. Cela fait de moi une leader naturelle, qui n’hésite pas à se placer en soutien des siens pour les aider. En un mot comme en cent, je ne suis absolument pas un pur produit des Relations Publiques ! Malheureusement, les philanthropes motivés uniquement par l’altruisme ne sont plus à la mode de nos jours. Ce qui est à la mode, c’est la femme forte, indépendante de tout homme mais qui continue de tous les faire fantasmer ; ou pas, c’est sujet à débat. J’ai pris mon parti. Je ne plais pas à tout le monde, évidemment. Tout ce qui a été dit précédemment peut être sujet à critique et trouve des gens pour le faire. Cela étant, je ne m’attarde jamais vraiment sur eux sauf lorsqu’il s’agit de retourner la situation à mon avantage. Cependant, il faut reconnaitre que je n’aime pas perdre la face et cherche donc à rester maîtresse en toute situation.

Pour mes collaborateurs et ceux qui les écoutent, j’utilise mon charme et mon intelligence, voire mon bagou et ma ruse, afin d’être en situation de pouvoir. J’aime le pouvoir, qu’importe sa forme. J’aime les jeux politiques, les échecs, les voitures puissantes, l’opulence, le confort et, de manière générale, tout ce qui peut me permettre de se sentir en position de force dans la société ou de stimuler mon intellect. Je suis stratège et tacticienne ou manipulatrice et machiavélique, selon le locuteur. La seule chose qui me retient d’enfreindre les règles est qu’elles sont généralement faites pour pouvoir être exploitées à mon avantage et je n’ai aucun problème à tricher pour obtenir ce que je veux. J’ai appris à mettre les moyens au niveau de mes fins. En résumé, je suis une Frost : un intellect et une volonté glacés derrière une façade aimable et brillante. Une femme d’affaires et d’intrigues, exigeante envers les autres comme elle-même. Une femme méprisant les gens qui se mettent des barrières par fausse-humilité ou manque de confiance en eux. Effectivement, je déteste les gens qui s’entravent ainsi pour cacher leur peur de l’échec ou pour trouver des arguments à se complaire dans leur situation plutôt que d’essayer de la surmonter. De mon côté, ma confiance en moi confie à la vanité et mon humilité me salut de la main lorsqu’on se croise. Je ne comprends pas que l’on puisse attendre des autres un respect que l’on n’a pas pour soi-même et peine parfois à le donner du fait. J’essaie, cependant, tout comme j’essaie d’encourager à dépasser cela lorsqu’on est dans une situation adéquate.

Pour mes étudiants, camarades et coéquipiers, il est clair que je n’attends que le meilleur. Je ne l’exige pas, je l’attends : il m’est dû comme je le dois à autrui. Malheureusement, cela m’amène à me focaliser premièrement sur le négatif même si je fais de mon mieux pour reconnaitre les efforts faits. Eternelle insatisfaite qui somatise sur ses difficultés, je sais être patiente et tâche d’être compréhensive lorsque cela me permet d’atteindre un objectif. Je ne crains plus l’échec mais ne l’accepte jamais et continue d’essayer jusqu’à réussir. Essayer. Echouer. Essayer mieux. Echouer mieux. Réussir. Réussir mieux. J’ignore s’il vaut mieux m’avoir comme professeure ou étudiante. Le premier a l’avantage de voir quelqu’un d’autre tenir l’autorité, m’amenant à jouer selon ses règles dans le cadre défini professionnellement, et le désavantage de me voir chercher à être la meilleure, ayant un fort esprit de compétition. Le second a l’avantage de me voir essayer de faire progresser le groupe, donc d’être bienveillante malgré les ratés, et le désavantage de faire grimper le niveau attendu de celui-ci, tel de défini précédemment. Les deux valeurs qui me tiennent à cœur en tant que professeure sont le dépassement de soi et l’atteinte des objectifs fixés. Les deux valeurs qui me tiennent à cœur en tant qu’apprenante sont le dépassement de soi et l’acquisition de nouveaux savoirs, savoir-être et savoir-faire. Les deux valeurs qui me tiennent à cœur en tant que coéquipière, ou chef d’équipe, sont la complémentarité, ou synergie, entre ses membres et l’atteinte des objectifs fixés. L’une des choses sur lesquelles je tends à insister, notamment lorsqu’il s’agit de situations dans lesquelles on risque sa vie, c’est de ne jamais se battre à la loyale. On ne peut pas forcément savoir si on peut gagner loyalement. Dans le doute, il faut tricher. Il y a trop à perdre si on ne le fait pas. J’ai peur de perdre des gens qui ont placé leur confiance en moi, même si je vois la pertinence de sacrifier des pions pour assurer la victoire. Evidemment, je préfère les promouvoir.

Pour ma famille et mes proches, je cherche à prendre des décisions et résoudre des problèmes uniquement par la logique et que je rencontre des difficultés lorsque l’émotion s’en mêle. C’est un point faible qu’ils savent exploiter, tout comme mes regrets. J’en ai toute une collection et les accumule sans les oublier, m’attristant dans la solitude ou m’énervant dans les interactions lorsqu’ils refont surface ; la première attitude pouvant succéder à la seconde une fois que les gens ont été rejetés. Je ne suis pas solitaire mais j’ai appris à l’être. Je suis moins douée avec les relations que ma sociabilité ne le laisse à penser. J’aime que les choses soient clairement définies et peux m’enfoncer dans l’erreur à vouloir le faire. Je peux également être très tranchée, voire cassante, lorsque j’ai effectivement défini quelque chose. J’ai l’habitude des relations conflictuelles ou indifférentes, avec peu d’étapes entre les deux. La principale est la partisannerie : le fait d’être avec moi, d’être avec quelqu’un d’autre ou d’être disponible au recrutement. Je n’ai jamais eu besoin d’aider les autres pour les amener à me suivre mais j’ai toujours aimé le faire. J’ai toujours aimé partager et apporter autant qu’apprendre et découvrir. L’avantage, c’est que mon sens de la justice et mon altruisme sont plus faciles à voir comme sincères. Je suis plus sensible qu’il n’y parait, particulièrement à l’esthétique et à la musique. Je gère les tendances à l’obsession temporaire, qui se terminent généralement par un changement brutal de sujet, et les débordements émotionnels via l’harmonie artistique. Considérant mon costume héroïque, certains disent que j’ai des goûts douteux : entre le SM, le pin-up et le vintage. Les goûts et les couleurs, achromes inclus, ne se discutent pas. Profitez plutôt.

Pour moi, enfin, je ne sais pas ce que je suis. Ce n’est pas faute de savoir analyser les gens et de pratiquer sur moi-même régulièrement. Ma condition socio-culturelle est celle d’une bourgeoise aristocratique de la classe supérieure et du fameux 1%. Cependant, je ne me limite pas à cela ; ni ne me sens réellement appartenir à cela. Je suis mutante sans jamais avoir réellement été impliquée dans les problèmes d’exclusion sociale, avec un pouvoir puissant et utile que j’affectionne particulièrement. Je veux être une héroïne tout en étant lucide sur l’industrie médiatique et le star-système, sachant que j’y viens sans appartenir au milieu non plus. Depuis l’enfance j’ai la sensation permanente de ne pas être dans la norme et j’ai appris à en jouer, favorisant les choses qui suscitent l’intérêt et réduisent les difficultés d'intégration dans les groupes pour ne connaitre que des périodes d’attraction malgré l’inévitable rejet d’une partie de la population. Celui-ci peut être tout aussi utile, même s’il est plus difficile à gérer émotionnellement. J’estime qu’il vaut mieux être appréciée ou détestée que déclencher l’indifférence, sous réserve que celle-ci ne soit pas un mécanisme défensif du point précédent. C’est cependant là une réflexion intellectuelle, encore une fois les émotions peuvent s’en mêler ; ce qui peut d’ailleurs conduire à l’indifférence de ma part. Je tâche de ne pas trop l’être, tant par appréciation du débat lorsqu’il est intellectuel que par conscience que l’on doit construire ensemble. Certes, j’ai une forte tendance à avoir la version "faire construire aux autres" car je ne suis pas là pour les basses besognes et que c’est souvent plus productif. Je ne crois pas en l’égalité mais cela alimente ma foi en l’entraide et en la complémentarité. Enfin, une notion importante pour moi est celle de l’héritage : celui que l’on reçoit comme celui que l’on laisse. J’ai l’intention de laisser un héritage différent de celui qui m’a été légué et je saurais me donner les moyens de le construire et de le répandre. Je suis une femme, je suis une mutante, je suis dans les enjeux de mon ère.

Je suis la troisième enfant d’Hazel et de Winston Frost. Le premier, Christian, est de trois ans mon ainé. La seconde, Adrienne, l’est de neuf mois. La dernière, Cordélia, est d’un an ma cadette. Les accueils ont différé : Christian l’a été avec une joie prudente tandis qu’Adrienne… je suis arrivée juste après. Cordélia a conclu les tentatives d’un héritier mâle pour concurrencer Christian ainsi Père a ouvert la concurrence à la succession de Frost Entreprises et du capital familial à ses filles. Frost International, d’origine britannique et arrivée sur la Côte Est dans les années 1600, a contribué à fonder Boston et à créer l’une des fortunes les plus importantes d’Amérique. A chaque génération, les Frost ont été éduqués dans l’objectif que seul l’un d’eux les reprenne et les fasse fructifier ; tous les autres étant déshérités. Du fait, Père n’attendait de nous que le meilleur, ne donnait que des retours négatifs quand on n’arrivait pas à satisfaire ses exigences et aucune reconnaissance lorsqu’on y arrivait. Christian s’est détourné de notre mission sacrée afin de soutenir ses petites sœurs. Adrienne et moi étions ennemies pour l’affection de Père. Cordélia s’est fait un devoir de briser toutes les règles, devenant "déviante" et étant corrigée de la manière appropriée. L’exemple à ne pas suivre, le mouton noir.

L’école privée dans laquelle nous avons étudié jusqu’à notre majorité était moins exigeante que Père. Ce sont ses professeurs qui m’ont donné envie d’enseigner. Avant de dormir, je faisais classe à mes peluches afin de leur apprendre ce que j’avais appris le jour même. Cordélia était invitée, même si elle ne venait pas souvent. Christian, lui, me soutenait dans les devoirs comme dans les rêves. Adrienne, enfin, était mon éternelle rivale. Dénonciations et mensonges ont toujours été impliqués dans nos tentatives d’éclipser l’autre. Parfois, il s’agissait d’ailleurs de s’arranger pour que l’autre déçoive Père plus que nous-même. J’ai pris l’ascendant en dernière année d’Elementary School, lorsque j’ai été diagnostiquée surdouée, et en dernière année de Middle School, lorsque j’ai développé mes capacités mutantes. Le stress des examens. D’abord, cela a été un bruit de fond mental, fatiguant et nauséeux. Ensuite, c’est devenu des maux de tête. Puis des mots. Des voix. Un brouhaha. Une crise et une fuite de la classe. Dans les couloirs, j’ai heurté l’un des professeurs de la High School, Monsieur Kendall. Ian, comme il s’est présenté, est le premier à avoir compris ce qui se passait. Il a réussi à me calmer. A me faire fermer les petites fenêtres dans mon esprit, une par une. Père s’est présenté à l’institution en personne. D’abord cassant, il s’est calmé lorsque Ian a théorisé sur la véritable nature des événements. Il m’a dit que mes pouvoirs étaient un outil qui s’avérerait décisif dans ma vie. Malgré des parents humains, j’étais la troisième de ma fratrie à développer des pouvoirs mutants. Evidemment, tous nos pouvoirs étaient gardés secrets pour la réputation familiale. Christian était capable d’illusions, formées grâces à la concentration d’énergie psionique émise par son esprit. Il m’a aidé à dédramatiser la mutation, à en voir la beauté, à visualiser mon pouvoir et à le mettre en pratique. Dans son esprit, j’ai découvert son secret : il était homosexuel. J’ai aussi découvert qu’Adrienne faisait de la psychométrie, pouvant percevoir les traces psychiques laissées sur les lieux et les objets pour connaitre les événements s’y étant déroulés. Une fois encore, je faisais tout mieux qu’elle.

Durant la High School, j’ai sauté une classe pour me retrouver face à face avec Adrienne et nous nous sommes affrontées sur le seul domaine où elle pouvait encore me faire face : la popularité. Elle se concentrait sur l’élite de notre classe tandis que j’acceptais tout le monde, notamment ceux que je pouvais aider. J’étais contente d’aider et cela m’a apporté plus de suivants qu’Adrienne. Je lui symbolisais la chose lors de nos parties d’échecs : un pion pouvait être promu, pas une pièce maitresse. De plus, comme j’étais celle qui venait en aide aux "faibles", je devins la Reine Blanche. C’est également en High School que j’ai recroisé Monsieur Kendall. Ian. Il était le principal danger à ma réussite : il savait pour mes pouvoirs. Il me fallait donc m’assurer qu’il ne retourne pas ce savoir contre moi. Ian voulait s’assurer que je n’utilise pas mon pouvoir pour obtenir les résultats qui étaient les miens et son attention comme sa douceur me firent tomber amoureuse de lui. J’arrêtais même ma triche et étudiais sérieusement pour mériter les notes et l’appréciation qu’il me donnait. Mon club de "soutien scolaire" m’aidait tout autant que je l’avais aidé et je m’en sortis très bien. Jusqu’à ce que j’embrasse Ian. Il me repoussa mais ce ne fut pas ce qui me fit le plus mal. Adrienne. Elle capta ce qui s’était passé avec ses pouvoirs et utilisa l’information pour me discréditer auprès de Père. Dans le conflit qui suivit, Christian intervint en ma faveur et Adrienne le trahit également. Autant, Père comprenait ma tentative de séduire mon professeur afin de s’assurer son secret sur mes pouvoirs, autant il ne pouvait tolérer que son fils soit homosexuel. Il utilisa les drogues consommées par Cordélia, à qui ni Adrienne ni moi n’accordions plus d’importance depuis notre adolescence, pour que Christian soit accusé de trafique et il demanda au juge d’être exemplaire : si lui ne pouvait corriger son fils, la prison le ferait. Parallèlement, Père fit renvoyer Ian. J’appris plus tard qu’il avait quitté Boston pour refaire sa vie à New York City et décidais de fuguer pour le rejoindre.

L’Affaire Kivelki en résulta. Il s’agit de l’enlèvement de deux adolescents par des criminels newyorkais pour faire chanter le riche père de l’un d’eux. Officiellement, l’éruption d’un pouvoir mutant a entrainé le décès des ravisseurs avant que le responsable ne meure d’hémorragie à la suite du tir de l’une de ses victimes. Officieusement, j’ai rencontré Troy Kivelki à la station de bus. Le pickpocket m’a proposé son aide, avec une idée assez flagrante en tête, et j’ai accepté qu’il me guide dans New York. Il était plus âgé que moi et, à part quelques dettes envers des moyennes frappes, il n’était pas méchant. L’inverse même. Je lui ai proposé le plan de l’enlèvement pour qu’il se fasse de l’argent. Ses créanciers sont intervenus et il leur a répété l’idée. Ils ont pris les choses en main et la situation est devenue dangereuse. Face aux preuves vidéo, Père a répondu qu’il me faisait confiance pour me sortir du pétrin dans lequel je m’étais mise. Bluffait-il ? Lorsque l’heure a approché, les ravisseurs ont décidé de mettre un coup de pression. Troy a tenté de se libérer pour me protéger et s’est fait battre. Ma crise de rage qui s’en est suivi a leur a tous couté la vie, Troy inclus. Leurs neurones ont été détruits. Lorsque j’ai été retrouvée, errante, et qu’on a appelé la police, j’ai appris que la vidéo de mon enlèvement avait été diffusée dans les réseaux sociaux. Père a fait le déplacement jusqu’à New York City pour me récupérer. Sonnée, je lui ai demandé où était Christian. Puis j’ai voulu savoir si moi aussi, j’allais finir en prison. Père m’a dit qu’il allait tout arranger. Troy a été accusé d’être le mutant. L’affaire a été classée sans suite. Adrienne m’a accueillie à la maison. Au début, je me suis persuadée qu’elle n’avait fait fuiter la vidéo que parce que Père avait refusé de céder à un chantage ou qu’elle l’avait fait trop tard dans l’intention de me laisser mourir. Puis j’ai compris. Je ne savais pas comment agir avec elle autrement qu’en rivale mais nous parvenions à trouver des accords pour essayer d’aider Cordélia à s’en sortir. Qu’importe le niveau de stratégie et de coup bas que l’on puisse se faire, qu’importe les mensonges, la perte de notre frère et les démons de notre sœur nous liaient. Dans le chaos de ma dernière année d’High School, ce sont les deux choses qui m’ont le plus marquée : le changement dans la guerre avec Adrienne et la guerre pour Cordélia. Aucune d’elle n’était destinée à se terminer cette année-là. Il y avait une bataille qui devait se terminer cependant : celle de l’High School. Le Bal de Promo en serait le témoin comme le terrain. Ceux qui étaient de mon côté avaient suivi mon idée de s’habiller tout de blanc. Ceux qui étaient du côté d’Adrienne avaient fait l’inverse. Notre échiquier. Adrienne gagna. Je n’acceptais pas ma défaite. J’acceptais sa victoire.

L’année suivante, nous avons quitté la demeure familiale pour aller faire nos études à l’Empire State University ; une université privée de New York, ayant notamment formé Charles Xavier dont les médias célébraient l’œuvre et commémoraient le décès. Nous avons surveillé Cordélia de loin et entrepris les études exigées par Père : administration des affaires. Contrairement à Adrienne, je refusais d’user du réseau fourni par le nom des Frost et cherchais mon indépendance. D’abord, je trouvais une collocation avec Christie McDermott, une autre bostonienne un peu plus âgée que moi. Ensuite, je teins mes cheveux en blond platine. Enfin, je trouvais un travail de serveuse au sein d’un bar, recommandée par Christie. Au sein de ma promotion, j’ai croisée une autre personne comme moi. Une télépathe. Astrid Bloom. Notre relation est devenue extrêmement fusionnelle du fait de notre habitude à partager nos pensées. C’est elle qui m’apprit à reproduire et à moduler les attaques mentales dont j’avais fait preuve par accident dans l’Affaire Kivelki. C’est également elle qui m’a montré comment manipuler les pensées pour contrôler mentalement les gens, me faisant découvrir des illusions toutes aussi magnifiques que celles que Christian faisait autrefois. C’est chez elle que je me suis réfugiée après que Christie m’ait présenté son nouveau copain, Ian Kendall. Au réveil le lendemain, Astrid était inconsciente sur le sol. Projection astrale, je ne m’en affolais pas. Lorsqu’elle revint, je l’accueillis avec un thé et des remerciements. A mon retour chez moi, je retrouvais Christie dans un état plus pitoyable que le mien, ayant visiblement autant pleuré que moi. Ian l’avait battue. C’était la première fois mais, apparemment, me retrouver lui avait rappelé de mauvais souvenirs et il avait évacué ces frustrations sur elle. Cela ne lui ressemblait pas, nous étions d’accord là-dessus. Retrouver Ian ne fut pas difficile, le confronter bien plus. Ce qu’il dit me choqua : il n’avait aucun souvenir de la scène et m’accusa même d’avoir utilisé mes pouvoirs pour l’y forcer. Pour forcer une attirance envers moi. Une fois dans son esprit, je l’ai défait des modifications mentales. Une seule explication me vint. Un nom.

La confrontation avec Astrid dégénéra en une bataille télépathique déchirante et horrifique. Déchirante car nos sentiments de trahison se faisaient face, moi vis-à-vis de ce qu’elle avait fait à Ian et elle vis-à-vis de ce que je lui faisais maintenant ; alors qu’elle avait seulement voulu m’aider. Horrifique car, alors que de nos souvenirs formaient des boucliers mentaux autour de nos cerveaux, je découvrais qui elle était réellement. J’avais toujours cru détester Adrienne… je me trompais. Astrid détestait sa sœur. Elle détestait ses parents. Elle avait fait d’une pierre deux coups, contrôlant la première pour assassiner les seconds et récupérer l’héritage qui lui permettait de se payer les études destinées à lui offrir le monde des affaires comme terrain de chasse. Astrid voulait me soumettre, me contrôler, pour que tout redevienne comme avant. Nous nous sommes effondrées en même temps. J’ignore combien de temps il m’a fallu pour me rassoir. Elle ne s’est jamais relevée. J’ai appelé à l’aide. Les secours et la police sont arrivés. Astrid a survécu mais ne sortira probablement jamais du coma. J’ai expliqué ce qui c’était passé. Je m’attendais à être arrêtée. Ils ont conclu à la légitime défense. Je n’ai jamais su si Père était intervenu. Je suis retournée voir Ian. Je l’ai raccompagné jusqu’à Christie. Je leur ai expliqué. Elle m’a dit qu’elle allait vivre dans l’appartement d’Ian à présent. Il m’a dit qu’il ne voulait jamais me revoir. Il ne me restait plus de larmes à pleurer.

J’ai dû me reconstruire. Retrouver un appartement, trouver un travail à même de le payer, continuer des études qui me dégoutaient, réfléchir sur mon usage de la télépathie… J’ai pensé à appeler Adrienne ou Père. La fierté me retenait pour l’une, l’amertume pour l’autre. Je suis tombée par hasard sur une annonce de recherche de danseuses dans un night-club. J’ai emprunté les connaissances des autres candidates pour apprendre le pôle-danse comme le strip-tease puis j’ai fait de mon mieux pour être engagée. J’avais du potentiel mais pas encore la condition physique. On m’a donnée ma chance. La différence de salaire était impressionnante, celle des pourboires encore plus. Je me suis surmenée, n’obtenant mon diplôme d’Administration des affaires qu’aux rattrapages. Cependant, j’étais financièrement indépendante et j’ai pu refuser la poursuite d’étude pour me réorienter dans les Sciences de l’éducation : je savais que je voulais enseigner la télépathie mais il me fallait comprendre comment l’enseignement fonctionnait. Parallèlement, Cordélia vint à New York et Adrienne proposa une collocation. J’acceptais, consciente que Christian n’allait pas tarder à finir sa peine également et qu’il aurait besoin d’une vraie demeure. Notre décision fut accueillie avec un sourire par Mère qui, pour la première fois, nous déclara qu’elle était fière de nous. Cordélia représenta un défi d’autant plus difficile que New York City était pleine de tentations et qu’elle avait à son tour manifesté sa mutation : l’immunité télépathique. Le mouton noir. D’ailleurs, là où j’avais les cheveux teints en blond et qu’Adrienne avait opté pour le roux, Cordélia passa audit noir. Ce furent les deux années les plus agréables que je passais en la compagnie de mes sœurs, notre ainée ayant gagné et notre benjamine ayant un nouveau départ ; pour ne pas dire son premier départ. A défaut de faire des études, elle fit des petits boulots. Une fois, elle m’a même suivi jusqu’au mien pour voir si j’étais sérieuse à son propos. Il y a peu d’expérience plus honteuse que de découvrir sa petite sœur dans le public alors que l’on fait un strip-tease. Le plus difficile fut Christian. La prison l’avait détruit. Il cauchemardait et matérialisait ses cauchemars. On a fait ce qu’on a pu pour l’aider. Il m’a un jour demandé de supprimer ses souvenirs de la prison. Après de longues discussions, je l’ai fait. Il redevint comme avant mais il était incapable de mettre des mots sur ce qui n’allait pas. Ce fut Cordélia le trouva, pendu, et pratiqua les premiers secours jusqu’à le ramener. Après avoir vu ses souvenirs restaurés, il se fit interner en hôpital psychiatrique. De son côté, Cordélia retomba dans la drogue. Elle voulut utiliser les capacités d’Adrienne et les miennes pour monter un business. Excédée, je lui dis qu’elle n’était plus la bienvenue dans cet appartement qu’elle ne payait vraisemblablement pas de la manière légale. Adrienne voulu discuter avec moi de cette décision mais je n’avais pas la fortitude de combattre la déviance de Cordélia après ce que j’avais fait à Christian.

Le conflit entre Adrienne et moi atteint un nouveau stade lorsque Père nous convoqua à Boston. Cancer. Prévoyant son décès prochain, il avait arrêté son choix sur son héritière. D’un côté, Adrienne avait suivi tout ce qu’il disait, disposait de sa maitrise en administration des affaires et voulait plus que tout reprendre l’affaire familiale. De l’autre, la "rebelle petite Emma" s’était contentée d’un Bachelor le temps de devenir indépendante financièrement afin de pouvoir tracer son propre chemin. Le choix était donc évident : celle qui était capable de prendre des initiatives et de se battre pour ce qu’elle voulait. Adrienne enragea devant l’injustice, ayant littéralement tout réussi mieux que moi. J’enrageais aussi, ne voulant pas de l’héritage qui détruisait ma famille au lieu de la supporter. Père avait déjà pris sa décision. Adrienne avait échoué, j’avais réussi. Si je voulais que tous les sacrifices auquel j’avais consenti et auquel mes frères et sœurs, mon père et mes aïeux, avaient consentis, aient été fait pour rien, je pouvais abandonner mon héritage. C’était tentant. Père me dit aussi que la fortune des Frost me permettrait de réaliser mon "hobby" d’enseigner. Il avait d’ailleurs déjà fait l’acquisition de l’école préparatoire où nous avions étudié, afin de me prouver que c’était à portée. Je n’avais qu’à accepter. Je le fis. J’acceptais la présidence de Frost Enterprises mais n’en prendrais la Direction Générale qu’une fois mon Bachelor en Sciences de l’éducation terminée. Adrienne s’en alla en me déclarant haineusement que "la reine blanche avait fait échec et mat". Père la regarda partir en disant que c’était pour cela qu’elle ne pourrait jamais recevoir notre héritage. Notre malédiction, le corrigeais-je. Notre malédiction. "Frost, tout est dans ce nom…" ; il y avait plus de tristesse dans ses mots et dans ses yeux que je n’en avais jamais vu chez Père. Lorsqu’il demanda comment allaient Christian et Cordélia, je le laissais là à mon tour.

Il fallut attendre son enterrement pour revoir Père, ainsi qu’Adrienne. Malgré tous ses efforts cependant, mon ainée ne put m’ignorer devant la tombe comme elle l’avait fait au téléphone durant des mois. Cela me permis de lui parler, de faire face à ses reproches, de faire face à sa colère. Je voulais qu’elle se tienne à mes côtés. J’avais pour projet de diversifier Frost Industries pour qu’elle développe des technologies liées à l’émergence des mutants et capables de les aider à contrôler leurs capacités. J’escomptais transformer l’Académie du Massachusetts en une école préparatoire pour mutants de 11 à 18 ans dans un premier temps puis pour études supérieures dans un second. Je n’avais d’intérêt ni pour Frost Enterprises ni pour Frost International et lui en laissait les Directions Générales, à défaut de pouvoir lui donner la Présidence. Si Adrienne acceptait, nous pouvions fonder un héritage différent. Le lendemain, je me rendis au conseil d’administration de Frost Enterprises. Toute de blanc vêtue, je fis face à des hommes qui avaient deux fois mon âge et m’avaient vu grandir. Eux faisaient face à une Frost. Je leur dis que l’héritage de ma famille était de transporter les marchandises des autres à travers le monde, investissant dans lesdits autres pour augmenter nos profits et assurer nos contrats par le contrôle, ou de développer des technologies pour nous améliorer dans nôtre tache. Désormais, il était temps de créer quelque chose à notre tour. Un héritage n’était pas un devoir des générations suivantes envers leurs ainées, c’était un devoir de ces dernières envers leurs cadettes. Parmi mon auditoire, certains s’échangèrent des regards et d’autres esquissèrent des sourires narquois. L’un pouffa et se pencha vers moi. Il se souvenait lorsque Père s’était assis pour la première fois dans ce siège et avait tenu un discourt à propos d’user de leur réseau pour des opérations humanitaires. Rien ne viendrait sans rien. Avec le temps, je comprendrais. Avec le temps, je deviendrais comme lui.

Au sein de Frost Industries, j’employais de jeunes ingénieures et docteurs en sciences afin de toucher les subventions comme d’étudier les interactions "sans fils" de mes ondes mentales. Nos deux premières inventions furent un casque IRM analysant les schémas cérébraux afin de déterminer si un individu est mutant ou non et un casque de réalité virtuelle interagissant avec les ondes mentales pour créer des illusions psychiques, permettant à un mutant de s’entrainer à l’utilisation de ses pouvoirs en toute sureté. Afin d’alimenter ces technologies sans un apport télépathique, nous avons cherché à cristalliser l’énergie psionique afin de pouvoir la stocker. J’ai essayé d’en injecter au sein d’un champ exploitant la photophorèse afin de la faire agir comme si elle avait une masse, à l’instar de la lumière. L’idée était lumineuse et le résulta le fut tout autant, l’implosion me cristallisant. L’interaction avec mes cellules avait transformé la source d’énergie psionique représentée par mon Gène X en un matériaux adamantin et pourtant conscient et mobile. Je n’étais pas inquiète, ni effrayée, ni rien d’autre par cette constatation. Seul mon esprit semblait intact, bien que ma nouvelle forme physique n’ait aucun dommage à déclarer. Une minute plus tard, je redevenais humaine et m’effondrais par manque d’air. Les conséquences furent positives, tant par le développement de ma mutation secondaire que celui des batteries exclusives à Frost Industries. Par souci de rentabilité, le casque VR fut commercialisé auprès d’entreprises tierces afin qu’elles développent des programmes d’apprentissages et des jeux à destination du grand public. Le casque de détection des mutants fut décliné par les forces de l’ordre car la population était considérée comme trop faible pour que l’achat vaille la peine. La fin de l’année changea la donne.

La Grande Mutation. J’avais toujours supposé une intégration progressive des mutants, estimant que leur population se stabiliserait à la manière de celle des gauchers. Evidemment, l’attentat et la transformation à l’origine de l’événement n’avaient rien de naturel et je comprenais les doigts qui pointaient le Genosha comme responsable. Cela étant, l’événement n’était qu’une expérience à grande échelle. Viser la métropole qui se voulait comme phare du monde moderne laissait clairement comprendre l’intention. Quant à savoir ce qui en ressortirait, c’était un mystère. L’Union Mutante proposait son aide pour une évolution positive inspirée de son financeur, Genosha, tandis que les Conservateurs cherchaient à tout prix l’ordre face à une menace difficile à réellement identifier. Autant dire que le casque détecteur allait se vendre comme des petits pains. Plus important, les ouvertures en catastrophe des New Mutant Institut et New York Heroic Academy se voulaient une réponse civile à une crise menaçant de dégénérer en guerre civile. L’Académie du Massachusetts n’étant pas prête, j’avais un coup à jouer. En plus des partenariats entre Frost Industries et New York City pour du matériel adapté aux mutants et d’un marché d’importation entre Frost International et Genosha, j’avais l’occasion de faire mes preuves en tant que professeure pour mutants et peut-être même figure de proue d’un nouveau mouvement indépendant des héritages de Charles Xavier et de Genosha. Un mouvement passant par l’éducation, comme Xavier, et par l’engagement politique, comme Genosha. Un mouvement comprenant que le pouvoir surpasse la loi et que ce sont les individus qui doivent renouveler leur adhésion volontaire à celle-ci, s’opposant aux restrictions d’utilisation des pouvoirs et à l’obligation du recensement tout en encourageant les gens à prendre leurs responsabilités pour le faire par eux-mêmes. Un mouvement persuadé qu’il faut éduquer plutôt qu’affronter et que la réintégration de Mutant Town ne se passera pas par la violence mais par la volonté de ses citoyens. Avec ces quatre prémices, le fait que je me sois inscrite à la NYHA afin de devenir une héroïne peut sembler étrange. Il entre cependant dans la logique de responsabilité et d’engagement politique. Malgré mon désaccord avec le système, je préfère essayer de le changer de l’intérieur plutôt que de m’opposer à lui, chose qui me permettra également d’éviter qu’il empire. Être une héroïne m’aidera à faire cela et la popularité que je peux gagner peut me porter plus haut encore. Mon nom de code m’a été suggéré par Adrienne. La Reine Blanche.