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 Vers de nouveaux horizons

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Theodore Wu

Troll Explosif
Theodore Wu

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMer 9 Sep - 1:40

Je souris devant l'enthousiasme de Yitzhak à l'idée d'obtenir d'autres consommations gratuites. Il possède un jet et son appartement sort d'un film de science-fiction. Il pourrait probablement acheter le bar entier sans avoir à jeter un œil à son budget. Mais un truc gratuit, c'est un truc gratuit. Je comprends le côté fun.

Pour une fois, j'obtiens des détails sans reproches ni agressivité. Exploiter les possibilités de sa mutation, c'est un truc dont beaucoup de mutants parlent pour avoir l'air cool et sérieux, mais la plupart de ceux que j'ai connus se contentent de petits tests prudents quand ils s'ennuient. À partir de l'absorption de matière, Yitzhak arrive à prendre l'apparence d'autres personnes et à agir de manière permanente sur de la matière même une fois le contact terminé (sur ce point, je peux avoir tort, mais mon t-shirt n'a pas repris son ancien format depuis qu'il l'a changé). Et il a aussi fait des tests avec la matière organique. Il ne fait pas semblant, lui.

Je regarde sa main, coupé dans mes conclusions. Je le regarde. Il a l'air sérieux. Est-ce que c'est une tentative pour initier un contact physique? Il n'en serait pas à son premier comportement bizarre. Je touche sa main quand même, parce que plus étrange encore que ce petit jeu, il y aurait de rester là à le fixer. Je comprends vite qu'il n'est réellement intéressé que par la démonstration de ses pouvoirs, ce qui est moins délicat à gérer. J'écoute attentivement ses explications. Il choisit de garder des matériaux en lui pour profiter de sa mutation. Il est fou. Encore plus que je le pensais. C'est fascinant. Je voudrais poser des questions, mais il retire sa main avec une expression étrange et s'empresse de parler plutôt du champagne. Quelque chose l'a gêné. Le contact physique? Les révélations sur ses capacités? Un autre truc qui m'échappe? Pour une rare fois, je n'ai pas envie de faire chier, donc je ne le force pas à revenir sur le sujet.

-Oui, il faut faire honneur au champagne, bien sûr.

Je prends une gorgée. Il me pose une question plutôt précise concernant ma mutation. Il a pu observer une partie de ma maîtrise pendant l'évasion, mais en sait-il plus que ce que je lui ai montré? À quel point est-il informé sur moi? C'est un génie de la technologie; c'est facile à déduire avec toutes les machines surréelles dans son appartement. Et le genre de système qui nous a accueillis, ce n'est pas un truc qui s'achète. On ajoute la conduite de jet, les armes, le projet de me libérer, le piratage du système de sécurité de la prison… Que Yitzhak ait eu accès à mon ordinateur, à mon téléphone ou à mes comptes en ligne pour obtenir des renseignements incluant mes goûts musicaux, ça n'a rien d'étonnant. Ni même de vraiment inquiétant. Il a les moyens, autant en profiter. Les limites morales sur la vie privée, c'est de toute manière pas le meilleur concept auquel se raccrocher quand on braque une prison.

Ça me rassure même un peu que Yitzhak ait fouillé dans ma vie avant de me choisir comme cas social à sauver. Un mec dans un délire de héros se serait fié à ses premières conclusions sur ma situation de victime d'une injustice, s'enthousiasmant tout seul de planifier une grande et belle action pour aider un innocent. Yitzhak s'est donné l'occasion de choisir de m'abandonner avant de s'enfoncer dans sa mission de sauvetage. Ça explique en partie son impatience avec mes questions. Il a déjà toutes les réponses. Et peut-être qu'il a tiré des conclusions qui le poussent à se méfier de moi même sans lui avoir fait abandonner son plan. Nous ne pouvons pas échanger comme des inconnus, ni nous rapprocher normalement - enfin, aussi normalement que des terroristes sortis de mission peuvent le faire. Parce que nos actions de la veille ont fait de moi aussi un terroriste. Ma décision d'aller libérer Neil malgré les risques m'a mis dans cette catégorie, mais aussi mon choix, plus secret, de ne pas essayer de limiter ses meurtres. Mettons mon comportement sur le dos de l'impulsivité et du stress; c'est pratique. Ça me donne un côté plus sympathique que si on réfléchit à ce que deux ans au contact de ces gardiens ont pu éveiller comme instincts chez moi.

-Tu as l'air déjà pas mal informé à mon sujet, dis-je avec un petit sourire.

Je n'ai pas mis beaucoup de temps avant de faire chier, finalement.

-En dehors de ces sales colliers anti-mutants, je n'ai pas trouvé de matière non-organique me résistant totalement. Je n'ai pas besoin de concentration pour agir sur les tissus et les objets simples, même les gros; c'est instinctif et instantané. Enfin, tu as vu hier. Les trucs plus complexes - avec différents matériaux - me demandent plus d'efforts.

Je n'ai pas l'habitude de m'étendre sur mes capacités, en partie parce que je n'ai pas envie d'expliquer mes motivations pour m'améliorer à des mutants peu ambitieux qui vont certainement comprendre de travers. Yitzhak ne me donne pas l'impression qu'il va tirer les mauvaises conclusions de ce que je lui dis.

-Je peux changer la densité de mon propre corps, donc j'imagine que l'action sur la matière organique n'est qu'une étape à franchir, mais je n'ai pas eu l'occasion d'explorer pleinement cet angle.

Les tests sur les plantes n'ont pas donné de résultats intéressants. Hayden m'a laissé essayer de modifier son bras gauche mais, peut-être par peur de lui faire mal, je ne suis arrivé à rien.

-Et je sais pas si c'était dans mon dossier, dis-je en misant que non parce que j'avais gardé cette faculté assez secrète, mais je peux exploser.

Je ne lui donne pas plus de détails. J'attends sa réaction. Un mutant qui peut exploser, c'est certainement très intéressant pour quelqu'un qui tapisse ses murs d'armes.
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Yitzhak Anavim

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Yitzhak Anavim

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMer 9 Sep - 11:36

Ma tentative de m’intéresser à Theo est pas franchement convaincante. Il ne sait pas ce que je sais sur lui, et j’en sais trop pour avoir l’air naturel. C’est pas de cette façon qu’on pourra entamer une discussion fluide. A sa manière de me faire encore remarquer que je « semble » déjà bien informé à son sujet, je crois bien qu’il a peur de donner des informations inutiles, de participer à une sorte de jeu malsain où je le fais parler à moitié dans le vide pour lui donner l’impression d’apprendre à le connaître, alors que je le connais déjà. La veille, dans le jet, je n’ai pas osé lui dire que j’avais eu accès à… tout. Ses téléchargements, son historique Internet, ses mails, ses conversations sur les réseaux sociaux, par sms, tout. C’est à la fois beaucoup, et pas grand-chose : je n’ai pas eu accès à tout ce qui s’est passé en dehors des réseaux. Je ne sais donc que ce qu’il a bien voulu partager par écrit. Il l’a sans doute compris. C’était mieux qu’il se fasse à l’idée doucement, par lui-même. Les gens sont mal à l’aise quand ils n’ont pas eu le temps de prendre du recul. Mais, ce soir, il a eu le temps d’estimer que j’avais pu avoir accès à tout, et il ne manifeste pas d’envie immédiate de partir. Il faut donc énoncer les choses clairement. Je fronce doucement les sourcils.

– Tu peux partir du principe que j’ai eu accès à toutes tes traces écrites sur Internet. Est-ce que j’ai tout lu ? Non, j’avais pas que ça à faire, j’ai un cerveau humain et tu as bien vu que je suis très occupé. – Je dis ça pour essayer d’atténuer l’effet. J’ai quand même lu beaucoup de trucs. – Parmi les sujets que j’ai ciblés, il y avait ceux où tu parlais de ta mutation, bien sûr.

Et le reste. Je sais qu’il y pense, je sais qu’il y a pensé, mais ça ne sert vraiment à rien de le cacher, ce serait le prendre pour un imbécile. Quand on a accès à des informations importantes, il n’y a aucune raison pour se priver de lire des choses plus personnelles, à moins d’un désintérêt total pour la personne que l’on décide de sauver, ou d’une pudeur et d’un code moral dont je suis dépourvu. J’aime bien connaître les petites histoires des gens que j’espionne, je trouve ça divertissant.

– Ne pose plus de questions là-dessus. Parle-moi en considérant que je sais, je crois que ce sera plus simple et agréable pour tout le monde, même si je t’accorde que c’est bizarre.

Et si je ne comprends pas de quoi il me parle, je pourrai toujours lui dire que je n’étais pas au courant, je crains que ça risque moins d’arriver que dans le cas où il se sentirait obligé de me demander si je sais tel ou telle chose avant de commencer à aborder un nouveau sujet. Quand je vous disais qu’il ne m’était pas possible d’aborder les gens sans leur mentir, vous voyez le problème ? On ne battit pas du long terme sur un mensonge, mais, dans mon cas, l’honnêteté a encore plus de chances de faire fuir. Mais Theo fera son choix. Je l’ai tiré d’affaires, je peux n’être rien d’autre qu’une relation professionnelle pour lui, une aide qu’il pourra appeler de temps en temps, quelqu’un qu’il pourra aussi rayer de sa vie parce que j’ai la capacité d’en savoir trop sur tout le monde et que c’est effrayant. Dans tous les cas, quand je lui pose la question sur sa mutation, je cherche à éclaircir de réelles zones d’ombre. Les gens partagent ce qu’ils veulent et ne disent pas toujours tout. Je l’écoute donc avec intérêt, et j’ai un petit sourire quand il me dit ne pas avoir eu l’occasion de s’exercer pleinement sur de la matière non-organique.

– Trop de scrupules à l’égard des petites bêtes qui pourraient souffrir de l’expérience ?

Je suis à moitié railleur. S’il a ce genre de culpabilité, je peux la comprendre cependant. Je n’ai rien contre l’utilisation de cobayes, et je me suis déjà fait reprendre à l’ordre par les cons de mon école à ce sujet – toutes les morts étaient profondément accidentelles ! –, mais il n’est pas dit que s’exercer sur des animaux innocents pour améliorer son pouvoir puisse être considéré comme un but noble et moral, comme celui de faire progresser la science ou la médecine, par exemple. Je le taquine, mais j’espère surtout en connaître plus sur ses motivations à améliorer son pouvoir, voire, encore mieux, le piquer pour lui donner envie de se bouger un peu plus sur ce domaine d’exploration. Ce qu’il m’apprend ensuite n’était effectivement pas dans son dossier. Il peut exploser. Je termine mon verre d’un coup et je prends la bouteille pour me resservir. J’accueille la nouvelle sans émotion particulière. Étant donné son pouvoir de base, ce n’est pas assez illogique pour être surprenant. Ça me fait surtout réfléchir.

– Et comment est-ce que tu le sais ? – Je lui pose la question tout en le resservant même si son verre n’est pas aussi vide que l’était le mien. – Déclencher ce pouvoir a dû être assez terrifiant, non ? Donc, tu peux exploser, et nous revenir en un seul morceau. Et tu changes la densité des objets ou de ton corps sans effort mental… Pourtant, tu ne sembles pas en mesure de les modeler autrement, comme moi par exemple… – Je réfléchis à voix haute. – T’es tu déjà intéressé au fonctionnement réel de ton pouvoir ? Par exemple, je peux créer des explosions puisque j’ai le contrôle sur les atomes… Sur les atomes que j’absorbe. Je pourrais déclencher un processus de fusion en moi, mais je ne vais pas le faire car je ne suis vraiment pas certain d’y survivre. Par contre, j’ai déjà pu encaisser l’explosion de bombes, pas de bombes atomiques, bien sûr, je n’ai heureusement jamais eu à me retrouver dans cette situation, mais j’ai pu éviter des attentats.

Je parle sans doute encore trop, mais je crois que donner un certain cheminement de réflexion à Theo ne sera pas inutile pour qu’il comprenne aussi les mécanismes de son pouvoir. Les test pratique, c’est bien. Mais la théorie permet de donner des angles bien plus précis et pertinents pour connaître les évolutions possibles de son pouvoir et les forcer, sans attendre qu’elles se manifestent par magie ou accident. Pour les bombes, par exemple, c’était de la théorie. Je ne pouvais pas savoir si j’allais survivre la première fois que je me suis jeté sur une bombe, j’ai juste estimé que, d’après les connaissances que j’avais de mes capacités, c’était une réalité possible et qui pouvait sauver beaucoup de monde.

– En général, je préfère éviter tout court de me jeter sur des bombes, ça fait quand même super mal. – Je lui fais un sourire pour essayer de tourner cette déclaration improbable en dérision, même si je crains que ça ne fasse surtout qu’enfoncer le malaise, comme d’habitude, quoi. – En fait, ce que je veux dire, c’est que le fonctionnement de ton pouvoir est sans doute assez différent du mien malgré des rapprochements possibles. Ce serait intéressant de comprendre dans quelle mesure il te fait exploser, comme tu dis, sans que ça n’ait de conséquences pour toi.

J’essaye de me raccrocher à ce qui m’a embarqué dans mon monologue. Je crois qu’on avait compris, mais je ne sais plus maintenant. J’ai juste du mal à lâcher un sujet quand je commence à le développer, même si je n’ai plus rien de neuf à apporter en attendant la réponse de l’autre. Donc je bois, ça laissera le temps à Theo de parler et je me sentirai plus obligé de continuer à le faire.


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Mer 9 Sep - 17:46, édité 1 fois
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Theodore Wu

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMer 9 Sep - 17:02

Le projet de Yitzhak était de me sauver, mais peut-être pas de s'encombrer longtemps de ma présence par la suite. Il a mentionné ''mon appartement'', hier. J'imagine qu'il va m'y laisser après notre soirée ici, probablement avec un plan et des contacts pour mon intégration à la société de Genosha. C'est déjà bien gentil de sa part de faire une sortie avec l'ex-détenu aux habitudes de socialisation rouillées, surtout après nos premiers échanges un peu brutaux. Il discute maintenant sans mauvaise foi, avec une honnêteté apparente. Sa présence est même agréable. Je ne m'attends tout de même pas à son soutien moral sur le long terme. Un génie terroriste politicien a certainement beaucoup de responsabilités importantes et de gens à gérer.

Ça me soulage qu'il n'essaie pas de me faire croire qu'il n'a pas fouillé dans ma vie. Je n'ai pas envie de jouer à le forcer à se dévoiler. Il aurait pu minimiser l'ampleur de son accès, mais il dit simplement ne pas avoir tout lu, sans préciser ce qu'il a laissé de côté, mais je comprends qu'il a certainement rencontré quelques trucs assez personnels. Il est resté assez vague pour que ça cache une sorte de gêne. Il est peut-être tombé sur certaines crises pas trop reluisantes avec Taylor, sur mes relevés de notes de l'université passant de très élevées à nulles sans explication ou encore sur des messages de mes parents inquiets après plusieurs jours sans nouvelles après une dispute. Je ne méritais pas la prison, mais je n'ai quand même pas un parcours irréprochable dans tous les domaines.

Il enchaîne en soulignant qu'il faut que je considère qu'il saura toujours de quoi je parle. Pour quelqu'un qui n'a pas tout lu… Faut se sortir de cette discussion. Ça ne sert à rien de faire durer le malaise. J'ai eu mes réponses et je ne tiens pas à m'enfoncer dans les détails.

-Ok je vois… mais faut que je précise : mon téléchargement de Let it Go, c'était un accident. Me renvoie pas en prison, dis-je avec un  sourire.

Ne pas réfléchir à tout ce que peut signifier en pouvoir sur moi ce que Yitzhak a accumulé comme découvertes et conclusions. Je baisse les yeux sur mon verre quelques secondes. Je bois. La liste de sujets sur lesquels m'en faire s'allonge tellement depuis hier que je n'arrive justement pas à m'inquiéter réellement. Tout peut mal tourner. C'est presque drôle. Je crois aux bonnes intentions de mon sauveur, mais les gens changent d'avis quand on leur déplaît, et je sais vite déplaire. Je ne me fais pas croire que je le connais en quelques heures à le tester et à l'observer. Il peut me surprendre. Il l'a fait quelques fois déjà. Il va certainement le faire encore. J'espère que ce sera positivement.

-Disons que j'ai prouvé que je savais pas les faire réapparaître.

Je n'ai fait qu'un test, et je sais que c'est très peu. Mais c'est assez déprimant de faire disparaître une créature et de ne pas arriver à la ramener. Ça laisse aussi beaucoup de doute sur comment, une fois que j'en aurai envoyé plusieurs dans le néant, j'arriverai à réunir un seul animal à la fois. Je ne connais pas bien cet aspect de ma mutation, pas assez pour m'y plonger de cette façon.  Mais si mon premier test avait eu des résultats prometteurs, j'aurais probablement fait le plein en souris de l'animalerie de mon quartier. Je ne donne pas de détails à Yitzhak, je préfère le laisser douter sur l'ampleur ou la quantité de tests à ce sujet. Entre comment il a laissé mourir les gardes hier et sa tendresse envers ses piranhas, c'est difficile de juger de sa sensibilité.

La découverte de mon pouvoir d'explosion était un peu un accident. Enfin, avec Elaine, rien n'était jamais vraiment un accident, mais elle a bien joué les innocentes sur ce coup, j'y ai longtemps crû. Entre les divers tests de mon pouvoir, elle m'a poussé à agir sur mon propre corps pour dépasser mes limites, relâcher mon contrôle – un truc que je ne fais plus tout seul parce que c'est jamais sécuritaire – et laisser plus de place à la mutation. Je suis certain aujourd'hui qu'elle savait dans quelle direction elle me lançait.

-Mon mentor durant l'adolescence m'a aidé à explorer différents angles de ma mutation. Elle avait un genre de labo qui permettait les débordements sans attirer l'attention. C'est là que j'ai explosé pour la première fois. C'était rien de grandiose et je suis vite redevenu normal, mais je me suis exercé après.

Évidemment que c'était terrifiant. Mais ''traumatisant'', c'était juste un mardi normal chez Elaine, quoi.

-Bah pour avancer, faut accepter d'avoir peur.

De bien belles paroles pour un mec qui a surtout accompli de finir en prison, je sais.

Je le laisse mettre de l'ordre dans les détails de mes capacités. J'ai bien sûr réfléchi à ma mutation, mais je ne m'y connais pas en science, pas assez pour tirer des conclusions. J'ai essayé d'apprendre à ce sujet après avoir compris comment Elaine orientait nos tests, mais je me perds très vite quand je dois me concentrer sur un truc long qui n'est pas immédiatement intéressant.

-Tu t'es jeté sur des bombes? Tu m'étonnes que ça fasse mal.

Je me montre amusé parce que je vois qu'il essaie d'être drôle. Même en étant certain de pas mourir, il n'avait pas pu en avoir la preuve avant de l'essayer. Ayant moi-même explosé, je ne peux pas directement le critiquer, mais il m'angoisse quand même. Il dit avoir évité des attentats. Si sa première expérience était dans ce contexte, elle est toutefois mieux justifiée que la mienne.

-De la même manière que je peux changer ma constitution, je peux en quelque sorte la séparer rapidement, sans danger pour ce qui m'entoure. En m'entraînant, j'ai réussi à créer une explosion en trafiquant transformation et séparation.

Et folie. Je sais pas si mon explication va lui convenir. J'ai pas d'analyse scientifique cool à lui proposer, juste mon cheminement à partir des enseignements d'Elaine et de mes propres conclusions. J'ai pas l'habitude de me sentir si stupide dans une conversation.

-Ce serait en effet intéressant d'en savoir plus sur le reste.

Autant lui avouer honnêtement mes limites.

-Tu sais certainement déjà que je ne brille pas spécialement en sciences, dis-je avec un petit sourire, mais je veux bien écouter tes théories si tu en as.
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Yitzhak Anavim

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMer 9 Sep - 17:43

Si j’étais télépathe, je suis sûr que je verrais beaucoup d’images circuler dans la tête de Theo. Ce que je lui apprends doit faire défiler à toute vitesse les informations que j’ai pu lire en espionnant son ordinateur et en particulier tout ce qui relève du personnel et honteux. Seulement, quand on se retrouve à fouiller la vie des gens, je crois que l’on y devient presque aussi insensible qu’un coroner l’est en examinant des cadavres. Tout finit par se rejoindre et se ressembler. Des vies humaines sont des vies humaines, avec parfois des moments glorieux, et beaucoup de moments très nuls. J’ai arrêté de juger depuis que j’ai cessé d’être surpris. Mais le faire comprendre à Theo autrement qu’en me montrant détaché est assez inutile. Il garde un élément assez gênant mais plutôt futile pour essayer de passer outre. Bon, sur le moment, j’avoue que je l’ai regardé un peu bêtement sans faire le lien de suite avec ce dont il me parlait. Son téléchargement de Let it Go ? C’est quoi ? Mince, je suis censé avoir une réaction complice, je crois, mais je suis incapable de faire le lien, enfin, pas assez vite. J’ai arrêté de m’intéresser aux modes du moment depuis que je ne ressens plus l’obligation de m’intégrer absolument aux références de la culture populaire. Et puis, pour me faire regarder un film, il faut que ce soit vraiment très dynamique, alors bon, les Disney, ça fait très longtemps que j’ai arrêté. Je me retrouve un peu comme un con, incapable de rebondir sur la blague autrement que par un :

– Ah oui heu… J’ai dû considérer ça comme un accident, ça ne me dit rien.

Nul. C’est pas comme ça que je vais l’aider à se sentir plus à l’aise. Si ça se trouve, il n’a même pas téléchargé cette putain de musique ! Je ne m’en souviens plus. J’ai consulté sa playlist pour lui proposer une bonne ambiance musicale dans le jet, et franchement, il est possible que mon cerveau sélectif ait tout simplement zappé ce qui ne m’a pas semblé pertinent au moment de cette recherche. Au moins, il peut en déduire que je ne lui mens pas quand j’affirme ne pas prêter attention à tout et ne retenir que ce qui me paraît utile. Tiens, je vais continuer à boire, ça ne pourra plus être pire de toute façon.

Nous abordons un sujet à priori moins « risqué » socialement, celui de son pouvoir. Il m’explique sobrement ne pas avoir réussi à faire réapparaître la souris, ce qui ne me dit pas pour quelle raison il n’a pas essayé de poursuivre ses expériences plus loin. Sans sa mentor, il en aurait probablement fait encore moins. La recherche de puissance n’est clairement pas dans ses priorités. Et la curiosité ? Le simple fait qu’il continue à discuter avec moi et ses très nombreuses questions depuis son évasion tend à prouver qu’il n’en manque pas. Il finit par admettre que son problème vient de sa peur. Je me resserre à boire, la bouteille est déjà vide de moitié. La tête commence un peu à me tourner.

– Et tu crois que tu aurais pu sortir de prison si tu n’avais pas accepté d’avoir peur ? je lui demande un peu brusquement. Tu vois, tant que tu as trop peur pour avancer, tu es toujours en prison en fait. Tu te promets à une existence à peine plus passionnante que ce qu’on t’offrirait entre des barreaux. Je crois que ça ne sert à rien de vivre si on ne fait que tourner en rond. Mais bon, beaucoup de gens ont l’air de trouver que ça vaut le coup.

Je hausse les épaules, à moitié provocateur sur la fin. La plupart des gens tiennent à leur sécurité, à leur routine. Ça me déprime, ça me consterne. La plupart des gens s’ennuient profondément. Ils sont tristes. On leur a donné une conscience, et ils ne savent pas quoi en faire. Ils exécutent les tâches qu’on leur demande, ils tiennent tellement à leurs habitudes qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi, juste parce qu’ils en ont l’habitude, et ça se retrouve à vivre dans des régions absurdes qui auraient dû être abandonnées depuis longtemps tellement le climat ou le paysage n’en vaut pas le coup, à chercher à préserver des métiers pénibles devenus parfaitement inutiles etc, à ne jamais rien accomplir et envier ceux qui réussissent parce qu’ils ont su prendre des risques. Je n’ai pas franchement envie de ménager Theo. Je déteste les discours défaitistes. Et, je me dis que ça peut changer des choses parfois, de ne pas mâcher ses mots. Les gens ne se rendent pas toujours compte de ce qu’impliquent leurs propos. Les plus fiers peuvent se révolter intelligemment contre, c’est-à-dire, en essayant de ne plus jamais être un genre de personne qu’ils pourraient eux-mêmes mépriser.

A côté, je dois vraiment avoir l’air d’un gros cinglé, quoique ça ne me change pas trop. Theo essaye de réagir avec le sourire à ma remarque sur les bombes, mais je le sens plus surpris qu’autre chose. Il est surpris tout en essayant de prendre la situation comme une bonne blague. C’est… gentil de sa part. Je souris aussi. Ce n’est pas la peine de faire un étalage plus complet de mes exploits. J’ai arrêté des attentats, je pense que le contexte est assez clair. Comme il est très clair que nous sommes très différents. Je me suis mis beaucoup trop souvent en danger, mais je ne dirais pas que je l’ai fait pour sauver des gens, juste pour le shoot d’adrénaline. J’aime qu’il existe des gens violents qui puissent donner de belles causes à ma propre violence.

Ses histoires de séparation qui provoque des explosions me laissent encore un peu songeur. J’acquiesce doucement, le regard dans le vague. J’ai des difficultés à établir un lien logique entre une simple séparation d’atomes et le fait de provoquer une explosion. Si j’y arrive, c’est parce que je peux créer une fusion avec des atomes extérieurs à mon corps. Si je pouvais utiliser ceux de mon corps, alors mon corps serait désintégré, ce qui devrait être le cas de Theo. Mais ce n’est pas le cas. Qu’est-ce que sont ces explosions, du coup ? Mon silence pousse le jeune mutant à parler encore, et à me dire que, de toute façon, je dois savoir qu’il n’est pas doué en science, comme si ça avait de l’importance !

– Bah, c’est quoi être doué en science à l’école ? Être capable d’apprendre des trucs sans aucun liens les uns les autres par cœur. Ça demande pas une profonde réflexion. Si tu es capable d’établir un lien logique entre plusieurs phénomènes observés, alors tu peux être doué pour les sciences. J’ai pas spécialement de théorie là tout de suite, juste des interrogations. Si une explosion est provoquée par un phénomène de fusion atomique, alors je me demande ce qui le provoque, puisque ce n’est à l’évidence par tes propres particules, et que tu n’es d’ailleurs pas affecté par le phénomène. Donc, quel est l’intérêt de se décomposer ? – J’ouvre soudain de grands yeux en me redressant d’un coup et appuyant mes mains sur la table en faisant trembler les verres et la bouteille. – Tu me montreras ? – Puis mon cerveau vrille soudain pour me signifier que, même si ça a l’air très intéressant, ce n’est pas pour cette raison que j’ai voulu sortir. – Enfin, peut-être pas tout de suite, hein. Je suis désolé si cette discussion est chiante pour toi, en plus je suis de moins en moins en état de faire des expériences et en tirer des conclusions intelligentes. Tu sais ce qu’on devrait faire maintenant plutôt ? – J’attrape la bouteille pour partir avec le fond qui reste. – On devrait aller danser ! Tu viens ?


Dernière édition par Yitzhak Anavim le Jeu 10 Sep - 17:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyJeu 10 Sep - 16:07

À première vue, c'est bizarre de s'en faire pour une souris disparue quand on tue des êtres humains sans se questionner sur le coup. Je suis pas taré, je considère pas que toutes les vies sont égales et qu'une stupide souris a la même valeur qu'une personne qui peut agir, créer, aimer et tout le blabla. C'est juste dommage de tuer un truc innocent si ça ne sert à rien, et ça me fait chier d'avoir senti mon contrôle sur ma mutation m'échapper à ce point. C'est en partie la frustration qui m'a retenu de recommencer. En plus, je trouvais pas beaucoup d'utilité à exploser. À côté, tuer les gardiens, c'était nécessaire, et un défi mais pas trop difficile, et je savais déjà qu'ils étaient coupables de maltraitances contre les mutants. Pas besoin d'un compte-rendu détaillé sur chacun pour conclure qu'être éliminés comme dommages collatéraux relève presque de l'honneur pour eux. On parle pas de gens qui ont simplement choisi un camp différent, d'ennemis de circonstances. Chacun des gardiens de cette prison m'aurait tué s'il avait pu le faire sans conséquences. Je le voyais dans leurs regards, même pour ceux qui se tenaient tranquilles. Si je ne suis pas une personne à leurs yeux, je ne vais pas jouer au plus moralement pur en leur étendant toute ma clémence.

Bon ma blague de Let It Go ne fait pas réagir Yitzhak. J'ai une pensée pour les gens de mon groupe qui se seraient fichu de ma gueule. Je bois avec lui.

J'ai laissé Elaine me faire toutes sortes de trucs pour booster mes mutations. Avec enthousiasme. Elle avait des assistants avec des mutations rares ou bizarres qui l'aidaient dans ses expériences. Elle enseignait, mais elle était plutôt motivée par sa propre curiosité que par l'envie d'aider. En se plaçant hors du système dans le rôle de mentor pour mutants inexpérimentés, elle s'autorisait toutes les libertés.  Plusieurs jeunes sous sa tutelle ont mal vécu ses méthodes. D'autres, comme moi, revenaient toujours.  Sans ses interventions, je n'aurais pas autant progressé. J'en avais déjà conscience à l'époque. Je cachais donc mes craintes et mes blessures, je mentais à mes parents et je continuais.

Accepter d'avoir peur pour sortir de prison? Je ne vois pas où il veut en venir. Il a l'air énervé. Je le laisse continuer – il ne me donne pas trop le choix en enchaînant rapidement sur avoir trop peur pour avancer. Alors que je viens tout juste de lui dire le contraire? Je bois en l'écoutant, l'air certainement ennuyé. Est-ce qu'il a mal compris ce que je voulais dire? J'ai accepté les blessures, les traumatismes et les bizarreries d'Elaine pour maximiser mon contrôle de ma mutation. Je ne me vois pas comme un lâche. Mais je comprends que Yitzhak n'a pas pu obtenir toutes les infos sur ce sujet, en partie parce que je ne l'ai jamais abordé en ligne et parce que j'ai toujours nié les aspects les plus difficiles quand j'ai été forcé à en parler. Tout ce qu'il sait, c'est que j'ai pas tué assez de souris pour devenir une bombe humaine. Il termine son discours moralisateur sur un ton qui me déplaît. Je fronce les sourcils. Apparemment, me voir me jeter sur les gardiens et les tuer, ça ne lui a pas suffi pour concevoir que je suis prêt à prendre les bons moyens pour éviter de me limiter. Ni se faire ordonner d'aller aussi chercher Neil, en multipliant les dangers et les meurtres.

-J'imagine qu'il me reste encore plusieurs attentats à accomplir pour obtenir un statut honorable, dis-je en levant mon verre avant de le terminer d'une traite.

Je ne veux pas me laisser insulter sans rien dire, mais si je l'attaque directement, je vais surtout lui confirmer que je ne réagis que sous obligation. Je suis vachement ennuyé qu'il ait tiré cette conclusion sur moi mais, d'un autre côté, c'est un terroriste riche et surintelligent. Normal que j'atteigne pas ses standards. Mais à attaquer les gens si naturellement, il doit vite faire le vide autour de lui.

Je me verse à boire et bois pendant qu'il me fait la leçon sur les sciences dans le système scolaire. Il me prend vraiment pour un taré à tous les niveaux, c'est pas rassurant. Fusion atomique, bien sûr. Pas besoin de s'y connaître en sciences, non? Tout le monde maîtrise ce vocabulaire de base! Au moins mon pouvoir le passionne. Je suis intéressé par ses conclusions. Il est intelligent et probablement expérimenté dans le domaine des mutations, vu ses activités professionnelles et sa manière de parler. Je  sursaute un peu quand il tape dans la table avec une expression de maniaque.

-Je te montrerai peut-être, dis-je avec un petit sourire moqueur.

Il recule, souligne que la discussion me déplaît peut-être. Mais non? Je ne lui donne peut-être pas assez de répondant, mais je lui ai dit que j'y connaissais rien, et il m'a pas trop donné envie de m'exprimer avec ses conclusions louches sur mon caractère.

-C'est jamais chiant de parler de mutation, mais je vois ce que tu veux dire pour l'état.

Je secoue doucement mon verre presque vide.

-J'ai perdu pas mal d'intelligence aussi.

Aller danser risque d'être beaucoup plus simple que se parler. Je termine mon verre rapidement et je rejoins Yitzhak.
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Yitzhak Anavim

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyJeu 10 Sep - 17:17

Je parle beaucoup, mais je suis capable de noter que ma conversation ennuie Theo. Pourquoi ? Je n’en sais rien, je suis convaincu de dire des choses qui ont du sens et de l’utilité, j’estime qu’il devrait finir par s’en rendre compte. Je sais que je ne devrais pas m’impliquer autant. Je ne l’ai pas aidé à sortir de prison pour en faire mon élève. Le libérer était normal, lui permettre de s’intégrer dans une nouvelle vie est la moindre des choses aussi, mais faire connaissance est en option. Je suis incapable de dire si les choses se passent bien entre nous. Depuis le voyage en jet, nos conversations sont entrecoupées d’incompréhensions, de vexations et de silences. Si je lui parle durement, c’est parce qu’il a un genre de flegme et de réserve qui continue de me contrarier, qui me donne envie de le secouer et de trouver la formule pour le faire changer d’attitude. Je crois que je ne serais pas étonné qu’il réagisse violemment. Je crois même que j’attends la dispute, ou un rejet froid et glacial. Je crois aussi que je m’en fiche, parce que c’est habituel et je ne vois pas la confrontation comme la fin d’une relation amicale, au contraire. J’aime connaître les limites des gens, même si je finis souvent par mépriser leurs faiblesses. Mais Theo reste muré dans son silence, puis dans ses répliques semi agressives teintées d’ironie. Il n’exprime pas sa colère, il ne cherche pas à me contredire. Il me fait juste sentir qu’il n’a aucun intérêt à accorder du crédit au « super tueur » que je suis. Je croise les bras en prenant du recul sur mon siège. D’accord. Je lui apprendrai à ne pas jouer à ce petit jeu avec moi. Je suis toujours sérieux. Avec un sourire féroce, je lui lance :

– T’en fais pas, j’ai toujours des plans d’attentats en réserve, tu pourras me prouver ta valeur.

Je sais que je ne vais pas arranger mon cas avec ce genre de réplique. Theo me plonge dans une situation vraiment compliquée. Je ne sais pas si c’est son attitude défiante qui m’agace autant qu’elle m’intrigue, mais je n’ai pas envie d’interrompre la conversation pour autant. Réussir autant de maladresse sans se faire jeter deviendrait presque fascinant. Quand nous évoquons plus en détail sa manifestation, j’oublie à nouveau le malaise, je me perds dans un long discours et je réalise que, malgré ma volonté de lui faire comprendre qu’il devrait arrêter de se dévaloriser et croire en ses capacités, je menace de dériver dans une exposition de vocabulaire technique. Sa mutation est intéressante, mais je ne suis pas face à un collègue scientifique avec qui m’embarquer dans de grandes théories. Theo essaye d’être gentil en soutenant que ma discussion n’est pas ennuyeuse et en mettant son manque de réactivité sur le compte de l’alcool. Je ne vois pas pourquoi il cherche à nier la vérité. Veut-il vraiment m’aider et faire en sorte que les choses se passent bien ? J’aimerais pouvoir l’affirmer, mais il se dit peut-être aussi qu’il n’a pas d’autre choix que supporter tous mes caprices tant que je ne lui aurai pas donné les moyens de se débrouiller seul, et il a peut-être peur de moi. Après tout, je me suis laissé aller à taper sur la table sous le coup d’un enthousiasme soudain, je lui parle de plan terroristes avec des airs de gros sadique ; il a toutes les raisons de préférer me ménager comme un être sensible à éviter de contrarier. Il souffle le chaud et le froid, s’autorise des commentaires vaguement acerbe, mais se reprend ensuite, pour maintenir une sorte d’équilibre entre résistance et docilité. Un instant, je repense à Neil, encore ce gars. Neil avait un tempérament aussi brûlant que le mien, et je le crois même plus dangereux. Si les risques insensés qu’il a pris pour obtenir un pouvoir ne suffisent pas, j’ai bien senti qu’il aurait pu m’attaquer dans le jet en se fichant des conséquences si je n’avais pas trouver à désamorcer le truc. Je n’aime pas admettre ce genre de choses mais, à ce moment, il m’a vraiment fait peur. Est-ce que je peux réellement faire peur à l’ami d’un type pareil ? Quelque chose m’échappe, quelque chose qui ne se résoudra pas par la conversation. Je me retiens de lui poser les questions qui me brûlent les lèvres pour lui proposer un peu brusquement d’aller danser. La tête me tourne quand je me redresse mais ça ne m’empêche pas de prendre une autre gorgée de champagne au goulot, pour me donner de la force.

***

Pour le lieu, je ne me suis pas pris la tête. Mes pas m’ont guidé vers la boîte la plus proche que je connaissais, même si je ne me souviens même plus de la dernière fois où j’y ai mis les pieds. Les drapeaux arc-en-ciel à l’entrée laissent peu de doutes sur le genre de population que l’on rencontrera à l’intérieur mais je sais l’orientation sexuelle de Theo, je ne lui ferai donc pas l’affront de l’attirer dans un lieu hetero pour feindre la neutralité. On arrive dans les heures où la clientèle afflue et où les peaux se perlent de sueur, mais le bar est encore visible et personne n’est assez ivre pour danser ou improviser un strip-tease dessus. Je tâcherai de ne pas devenir ce mec ce soir. Les mecs sont beaux, comme souvent en bord de plage. Tout le monde veut être au niveau, tout le monde veut être au top. Je sais que certains nous regardent comme de la chair fraîche qui débarque, chose qui n’amusera peut-être pas Theo autant que moi, mais il faut bien ça pour aller danser. Quand je m’accoude au bar, le serveur, un homme à la peau vaguement luminescente, manque de faire tomber le verre qu’il s’apprêtait à remplir. Il est nouveau, je crois. Enfin, je ne me souviens pas spécialement de la tête qu’avait le serveur la dernière fois.

– Yitzhak Anavim, ici ?!


Je n’ai vraiment pas pris la mesure de la célébrité locale que je suis devenu tellement je sors peu. Bien sûr, je sais que mes interventions télévisuelles sont très suivies par les mutants, et je reçois beaucoup de messages sur Instagram, mais je sors trop peu en civil depuis cette célébrité dingue pour le mesurer en direct. Si je n’étais pas avec Theo, je trouverais ça super marrant mais là, je réalise que ça peut tout de même être un frein à sortir sans se prendre la tête avec quelqu’un. Bon, je m’en doutais un peu, mais j’aurais voulu que les choses soient simples ce soir. Ça ne m’empêche pas de vouloir tester le pouvoir de la gloire !

– En personne ! je lui fais avec un grand sourire. Je fais faire le tour de la ville à quelqu’un de très spécial. – Je passe familièrement le bras autour du cou de Theo pour faire clairement comprendre qu’il sera inutile de me déranger. – Tu nous offre un mètre de teq paf ?

Les choses peuvent encore être simples ce soir, il suffit de boire quelque chose de fort très vite. Maintenant que je suis entré, j’ai envie de m’amuser comme quelqu’un de normal, sans avoir à m’inquiéter de ma réputation. Au pire, celui qui essaye de me faire une mauvaise réputation, je le tue. Enfin, non, je devrais pas penser comme ça. Disons que, même si l’alcool m’amenait à des comportement compromettants, je pourrai toujours retrouver toutes les vidéos, les supprimer, et menacer tous ceux qui auront cherché à les relayer, c’est ça aussi, les avantages du pouvoir.
Le barman s’empresse de nous servir. Je prends un premier shot et je le lève en lançant :

– Allez, la moitié chacun, cul-sec !

Quand tout est vidé, je crois que plusieurs vaisseaux ont déjà explosés dans mon cerveau. J’arrive à peine à reconnaître les musiques qui passent, mais je décide d’aller sur la piste en attrapant Theo par la main. Je crois que je bouscule un peu sèchement un mec qui essaye de m’aborder en me barrant le chemin. Quelques secondes après, je réalise qu’il avait prononcé quelque chose comme « j’adore ce que tu fais » juste avant de se faire dégager comme un vieux torchon. Je crois que je viens de perdre un fan. Tant pis, car je vais tous les éblouir ce soir ! Le débardeur noir que je portais s’affine pour se transformer en une résille serrée. Des paillettes dorées apparaissent au coin de mes yeux et le long de mes bras. Avec de grands gestes je m’exclame :

– Faites place au roi de la piiiiiste !! en sautillant sur une scène légèrement surélevée et en invitant Theo à me rejoindre. Attend... Je me fige soudain quand il arrive à ma hauteur. – Un roi sans couronne, ça n'est pas possible ! – Je fais apparaître un diadème doré sur ma tête. – Là, c'est parfait !
Et dansons maintenant !
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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMar 15 Sep - 21:45

Ma tentative de ne pas me montrer hostile a visiblement échoué. Yitzhak croise les bras et son regard s'assombrit. Il répond agressivement, visiblement pour me provoquer. Je m'oblige à continuellement surveiller tout ce que je dis pour éviter de le contrarier, mais ça ne suffit pas. Qu'espère-t-il? Je ne vais pas lui jouer le rôle de l'étudiant modèle à qui offrir son savoir de haut, l'attitude qu'il semble attendre avec ses conclusions scientifiques sur mes pouvoirs et sa visible impatience dès que je ne le valorise plus.

Je suis resté gentil par gratitude et, de moins en moins, par prudence. L'alcool m'aide à me détendre et à mieux gérer – refouler – les émotions des derniers jours. Je réfléchis plus librement. Même si je fâche Yitzhak, il ne me laissera pas à la rue ou en mauvaise situation tant que je ne représente pas un danger pour lui. Je suis un de ses projets, une belle réussite à ajouter à ce que j'imagine être une grande collection d'actions violentes joliment motivées. Il ne voudra pas gâcher son rôle positif dans cette histoire en me punissant injustement. J'ai donc plus de latitude que je l'avais d'abord estimé.

Je ne regrette pas d'avoir mis tant de temps à tirer cette conclusion. Les limites que je m'étais imposées hier ont certainement évité plusieurs complications. Je préfère avoir Yitzhak réellement de mon côté qu'être un simple item sur sa liste de projets. Sauf que notre alliance n'est pas entièrement vraie si je le laisse penser qu'il a raison sur tout. Il faut que je commence à mieux filtrer et moins bloquer si je ne veux pas juste subitement en avoir marre d'accumuler.

- Je n'attends que ça, dis-je sur le même ton que lui, avec une expression faciale que je calque sur la sienne.

Il ne faut pas qu'il me teste encore sur ce sujet. J'ai failli lui dire que j'avais raison dès le début de le soupçonner de m'avoir libéré pour m'entraîner dans ses plans terroristes. Je me suis retenu de justesse parce que cette provocation, bien que tentante pour lui faire payer son attitude, n'est pas fondée. La lui lancer maintenant menacerait de nous ramener directement à l'agressivité de la veille, avec en bonus la confirmation pour Yitzhak que je suis stupide. Ça ne vaut pas le coup. Même si ça serait marrant.

Il a vite mis fin à la discussion sur ma mutation. Peut-être en a-t-il marre que je ne comprenne pas assez bien à ses yeux. Il ne serait pas le premier à bloquer sur ma manière de raisonner. Je le suis avec une démarche plutôt assurée, mais j'ai assez bu pour être ralenti et un peu étourdi. Ça m'avait manqué. Nous quittons le bar pour aller à un autre endroit. Je ne pose pas de questions en chemin, j'attends de voir.

Nous arrivons à ce que je conclus être un bar gay populaire. Aucun mec hétérosexuel ne m'emmènerait là. Si je gardais un doute sur l'orientation de Yitzhak, je n'hésite plus en entrant dans la boîte de nuit aux drapeaux arc-en-ciel. Je n'ai jamais fréquenté ce type de lieux avant aujourd'hui, par manque d'intérêt. À Stockton, il y avait bien quelques boîtes de nuit de ce type – enfin, sans la liberté niveau mutations –, mais j'ai jamais eu envie de me lier à la communauté gay, spécialement dans ma ville, donc je rencontrais des mecs plus au hasard par des cercles sociaux en commun. Je reste détendu devant la nouveauté de l'expérience. L'ambiance est survoltée, les mecs sont sexy d'une manière typiquement gay, on me regarde sans hésiter sur mon intérêt potentiel… C'est étrange. Je ne sais pas ce que j'en pense précisément, mais je ne suis pas mal à l'aise.

Un serveur s'excite de voir Yitzhak. Ça me fait sourire un peu. Nous nous sommes amusés de l'alcool gratuit au premier bar, donc j'accueille positivement la possibilité d'un autre moment de complicité. Yitzhak répond au mec en passant un bras autour de mon cou. Je suis très spécial, il paraît. C'est pas précisément la complicité que j'attendais, mais je décide de jouer le jeu. Je souris au serveur en caressant brièvement la main que Yitzhak a déposée sur mon épaule.

Nous buvons avec enthousiasme les verres qui arrivent. Je tiens bien l'alcool, mais ça commence à faire beaucoup. Yitzhak m'entraîne vers la piste de danse. Je titube un peu. Je ris à la remarque débile d'un grand blond sur mon ''mignon derrière asiatique'', mais je ne lui accorde pas plus d'attention. Yitzhak bouscule un mec, qui se retrouve à me foncer dedans, mais tout se passe vite et nous nous éloignons déjà. Ce qui ne retient pas entièrement mon attention est assez flou maintenant.

La transformation de Yitzhak me fait sourire. Grand contraste avec son look de terroriste ensanglanté de la veille. Je ne lui en fais pas la remarque. Il s'autoproclame roi de la piste en montant sur une petite scène surélevée. Je ris. Je le rejoins, après une courte hésitation. Sans cette quantité d'alcool, j'aurais probablement figé à l'idée de me donner en spectacle de cette manière. C'est quand même un tout autre registre que la batterie dans un groupe.

-Attends, c'est pas juste. T'es un roi, t'as un diadème... et j'ai rien? Change au moins mon haut, dis-je en écartant les bras théâtralement.

Je veux l'encourager dans ses conneries, et ça m'amuse de le suivre dans cette énergie.

Je remarque un mec plus loin qui me fixe avec un petit sourire. Je lui fais un clin d'oeil puis je l'oublie pour danser avec Yitzhak.
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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyVen 9 Oct - 23:54

Les vieux réflexes reprennent vite le dessus. Je suis toujours allé dans les boîtes de nuit pour me défouler et ne plus penser à rien, juste seul, dans des moments de crise existentielle ou d’ennui profond. Je ne pense pas être dans ce genre de configuration ce soir, mais je ne sais plus très bien où me situer, à vrai dire. Mon impression de perdre trop souvent pied dans ma discussion avec Theo m’a donné une sorte d’angoisse sociale et, quand j’y pense, j’ai souvent résolu ce genre de problème en me mettant une mine et en allant danser. Ça m’évite de réfléchir à ce que je dois attendre de l’autre ou à commettre une énième maladresse que j’aurais à regretter. Je ne pense pas que Theo soit familier du genre de lieu dans lequel je l’entraîne, pas le genre, mais il sort de prison, il a besoin d’une ambiance légère et superficielle. Accoudé au bar, je retrouve rapidement mes marques, et j’ai conscience de me lancer dans un truc risqué. Je ne crois pas avoir un seul souvenir clair des moments passés en boîte gay, ni des mecs avec lesquels j’ai pu finir. Je n’y suis jamais allé pour de bonnes raisons, d’ailleurs, je ne sais pas s’il est vraiment possible d’y entrer pour de bonnes raisons. On s’amuse sur le moment, puis on essaye de tout effacer de sa mémoire le lendemain. On est presque heureux de ne plus avoir le nom ni le visage de la personne avec laquelle on a fini la nuit. Je ne viens plus depuis que j’ai une image médiatique à tenir. Faire n’importe quoi sur la piste, me taper n’importe qui avec un cerveau ravagé par l’alcool et la drogue ; c’est pas vraiment montrer l’exemple à la population que je veux convaincre de mon sérieux. Je n’ai jamais réfléchi au fait que ça pouvait me manquer. Je suis trop occupé, pour penser à ajouter du chaos à ma vie, je suppose que c’est une bonne chose. Ceci dit, malgré l’étrangeté de la situation, ça me fait plaisir d’être là et de m’autoriser un comportement plus relâché.

L’intervention du barman me met aussitôt dans le rôle de gay déluré que je m’étais créé à l’adolescence. Je donne une accolade à Theo sans m’interroger, et il m’effleure la main pour confirmer notre proximité. C’est bizarre. J’ai l’impression qu’il y a une sorte d’attirance entre nous depuis l’avion, mais je n’en suis pas sûr. Entre notre difficulté à parler sereinement et le fait que je l’aie sauvé, qui peut orienter certaines impressions d’un côté comme de l’autre, ce n’est pas très clair. Enfin, au pire, ce sera une expérience, s’il faut en passer par là. J’ai cette pensée au bout du troisième shot de teq, preuve que je commence à être bien déchiré.
C’est dans un état complètement second que je rejoins la piste et la scène, mais je n’en perds pas ma capacité à me créer une tenue de star avec mon pouvoir. J’oublie un instant Theo pour faire le beau avec quelques roulements de hanches avant qu’il me rejoigne pour se plaindre de ne pas avoir une tenue aussi cool que la mienne. Je pose mes mains sur son torse, puisqu’il m’y invite.

– Il est très bien ton haut, je te signale que je l’ai déjà taillé à ta mesure.

Je prononce ces mots d’un air faussement contrarié tout en opérant quelques changements. Je fais disparaître ses manches pour le transformer en débardeur avec quelques effets de déchirure et je fais apparaître des effets noirs luisants d’une manière que je veux harmonieuse sur son T-shirt. On dirait qu’improviser des relooking aux gens m’est presque aussi naturel que pirater leurs ordinateurs. Disons que j’exerce déjà mon sens esthétique sur mes machines, j’aime bien créer des trucs qui me plaisent, arme ou vêtement, peu importe, quand on a travaillé son sens du goût, ça fonctionne avec tout. Donc, je retravaille la tenue de Theo sans m’arrêter de danser, et je suis assez inspiré pour faire apparaître un genre de tatouage artistique le long de son bras.

– T’inquiète, c’est juste de la peinture, je lui souffle à l’oreille. Faudrait pas qu’il se stresse en se demandant quel genre de produit j’ai pu faire apparaître dans sa peau. Et puis, les tatouages définitifs, c’est un truc qui se discute un peu, en général.

Il a l’air de s’amuser en tout cas, j’ai curieusement pas réussi à lui faire tout à fait peur malgré mes changements imprévisibles de comportement. Je pourrais presque croire que mes efforts pour le mettre à l’aise ont finalement fonctionné. Il n’essaye pas de s’éloigner de moi, en tout cas, même si nos allures étincelantes attirent un certain nombre de mecs plus ou moins intéressants autour de nous. Ses regards vont et viennent, parfois aguicheurs, mais se retournent toujours vers moi. Je me demande s’il prendrait mal que je le laisse pour un type. L’idée m’amuse un instant, ceci dit, je n’ai pas envie de créer une nouvelle situation de confusion, pas dans mon état. Après, s’il allait dans les bras d’un type, je suppose que j’en ferai de même sans me poser de questions, je l’ai pas sauvé de prison pour me l’approprier. Il peut aller voir ailleurs, comme continuer à danser près de moi. J’ai l’esprit brouillé. Je sens qu’on est de plus en plus proche. Même si on ne fait que se frôler, les gestes sont assez suggestifs pour laisser toutes les ouvertures possibles. Alors, au bout d’un moment, alors que la musique n’est depuis longtemps plus qu’une sorte de mélasse sonore sans aucune variation, je passe une main derrière sa nuque et je colle ma joue contre la sienne pour essayer de lui parler :

– Écoute, je…

J’ai pas la moindre idée de ce que je voulais lui dire. Enfin si, mais les mots ne viennent pas parce que tout ce que je pourrais dire ne serait pas vraiment approprié, comme lui rappeler que je n’ai jamais prévu de lui faire du charme en préparant son évasion de prison, que je ne sais pas quoi faire de la situation, qu’on devrait peut-être se calmer et partir sans aucune raison précise à lui donner… Je ne sais vraiment pas. Theo écarte ces questionnements en profitant du rapprochement pour me passer une main autour de la taille, et en réduisant à néant toute volonté de ma part. Je crois qu’il n’a rien contre un rapprochement hâtif avec l’espèce de psychopathe qui l’a sauvé. Tant pis. Il y a trop de bruits de toute façon et je ne sais pas très bien lequel de nous prend l’initiative du baiser en premier, nos visages étaient déjà trop proches, nos corps aussi, ça ressemblait à une évidence, et ça me libère d’un poids pour le moment. Si je l’attire encore après tout ça, je crois que je n’ai pas à me prendre la tête avant le lendemain, quand je me demanderais quoi faire d’un rapprochement avec une personne que je n’avais pas prévu de planter après une soirée arrosée. Là, je suis trop ivre, je donne l’impression de gérer parfaitement ce que je fais en restant contre lui et en profitant au maximum de l’instant. Les gestes familiers me reviennent comme s’ils m’étaient encore habituels la veille. Je connais ce contexte. Je sais aussi que ce n’est pas la peine de faire s’éterniser ce genre de moment, à part pour se donner en spectacle. Donc je finis par y mettre un terme en lui suggérant au creux de l’oreille de partir. Bon, je pense pas qu’il ait l’intention de danser au bout de la nuit, mais on sait jamais que ce soit vraiment plus stimulant pour lui que ce qu’on pourrait faire d’autre chez moi.
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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptySam 27 Fév - 4:33

Le truc quand t’es asiatique, c’est que les gens te laissent pas souvent l’oublier. Pour la séduction, non seulement ça filtre les mecs – plusieurs refusent de te donner une chance, point – mais en plus ça nuit à la spontanéité. Si on veut coucher avec moi, est-ce que c’est de manière normale ou une sorte de fétiche? Des compliments lourds sur ce thème, j’en ai eu pas mal, donc je me méfie. Stockton est un endroit nul, c’est normal d’y trouver des gens nuls. Mais je suis sorti de ma ville, j’ai rencontré différentes personnes. Encore ce soir, j’ai choisi de rire au commentaire du con sur mon derrière. Je ne suis pas naïf, je n’aime juste pas faire des drames. De toute façon, j’ai plus l’habitude d’aller vers ceux qui m’intéressent que de les attendre en me faisant désirer, donc ça bloque certainement une bonne partie des sollicitations douteuses. Je dégage pas l’ouverture non plus, de ce qu’on m’a dit, et les connards cherchent pas des gens difficiles.

Yitzhak blague sur mon ingratitude concernant mon haut, qu’il modifie pour me donner un look super gay. J’ai jamais porté un truc du genre – j’ai habituellement un style assez sobre et simple. Le faux tatouage me fait sourire – je dois avoir l’air con, mais ça ne me changera pas beaucoup à ses yeux vu nos dernières discussions.

J’ai trouvé Yitzhak attirant dès que je me suis un peu calmé de mon sauvetage, dans l’avion hier. Est-ce que ça veut dire que je veux qu’il se passe quelque chose? Je ne me suis pas posé la question avant de me retrouver collé sur lui à danser et maintenant que j’y suis, je suis trop amorti par l’alcool pour trouver une réponse intelligente. Y a rien de grave à coucher avec lui, je suppose, tant que je retiens mes blagues sur comment je suis reconnaissant qu’il m’ait secouru.

En sentant sa main sur ma nuque, je me rapproche instinctivement, touchant sa hanche pour le coller davantage sur moi. Il ne résiste pas. J’hésite quelques secondes, moins par gêne qu’à cause du sentiment d’étourdissement provoqué par la cacophonie environnante et l’alcool, puis je l’embrasse en me pressant encore plus contre son corps. Quelques minutes plus tard en traversant le bar, accroché à Yitzhak, je me fais la réflexion que c’était mon baiser le plus publiquement obscène, mais sans en être gêné. C’est un lieu pour ce type de débordements.

* * *

Le matin – le midi? – me tambourine à l’intérieur du crâne. J’ouvre les yeux dans la chambre de Yit. Dans son lit. Avec lui. Oh. Les souvenirs de la veille sont flous, mais pas assez pour que je m’interroge sur les raisons de ma présence à ses côtés. La vraie question est cependant de savoir à quel point c’était une décision stupide. Blâmer l’alcool ne changera pas ce qui s’est passé ni les possibles conséquences. Je ne peux pas non plus rationaliser que c’est normal de coucher avec quelqu’un en sortant de prison parce qu’on est très loin de la réalité avec ce type de résumé.

Je me lève discrètement. Je ne peux pas fuir bien loin, mais si je peux éviter un minimum de la gêne de se réveiller ensemble…

Mon corps me signale par différents maux qu’il vaut toujours mieux boire avec modération. De ce que j’ai vu des gens en moyenne, ce n’est rien par rapport à une gueule de bois normale, mais c’est désagréable. J’ai peut-être une résistance naturelle supérieure à la moyenne, mais je miserais avant tout sur ma mutation. Je peux modifier mon corps et presque tout ce que je touche; ça me donne forcément des avantages sur l’assimilation de substances néfastes.

Sous la douche, je décide que je veux attendre d’observer l’attitude de Yit pour ajuster la mienne par rapport à cette nuit. Contrairement à hier, ce n’est pas par souci stratégique de le garder de mon côté, mais plutôt pour mieux contrôler la suite des événements en analysant ses attentes et ce qu’elles me disent sur lui en tant que personne, comme je le connais encore peu. Un peu plus réveillé, je note déjà que son choix de m’emmener dans un bar gay est peut-être un indice de son envie de rapprochements physiques. Avec moi en particulier ou avec n’importe qui sans distinction, ça reste à déterminer.

Je sors de la salle de bain avec seulement une serviette autour de la taille. Je n’ai pas de vêtements propres à moi, et ce serait con d’être gêné que Yit me voie presque nu. Après un regard vers le mur d’armes, je m’avance jusqu’à la table-aquarium. Je chuchote :

-Salut les petits. Vous avez déjà mangé de l’humain?

Je m’y connais pas trop en piranhas, et encore moins en Yitzhak, et les poissons m’ignorent sans répondre à ma question.
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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyLun 15 Mar - 23:19

Je me réveille avec un furieux mal de crâne, comme je ne me souviens pas en avoir eu depuis longtemps, et qui est souvent signe de conneries plus ou moins graves la veille. Un tourbillon de souvenirs me reviennent en tête. Le lit est vide à côté de moi et je suis à peu près convaincu d’avoir déconné grave. Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? Je reste encore étendu dans le lit, un sentiment de vide profond en moi. Je crois qu’il était d’accord. Oui bon, de toute façon, avec ma tendance à jouer les salopes, on peut pas vraiment dire que je force qui que ce soit. Je m’arrange juste pour être irrésistible et c’est tout. Mais on peut pas dire que ce soit correct venant de la part de quelqu’un qui vient de vous sauver. On peut même dire que c’est super bizarre, et c’est sans doute la raison pour laquelle il n’est pas là. Je me demande s’il s’est barré. Je suppose que ça serait à la fois le pire et le plus simple. Déjà que j’ai pas l’habitude de gérer l’après, là je m’ajoute des difficultés débiles. Sans parler de l’image assez craignos que je lui donne de moi, j’ai vraiment jamais invité quelqu’un ici. D’habitude, c’est moi qui me fait inviter, et c’est moi qui décampe sans dire au revoir. C’est moins vexant que l’inverse d’ailleurs, ça permet d’avoir l’impression de contrôler le lendemain quand on a fait n’importe quoi la veille. Je tends légèrement l’oreille à la recherche d’un signe de vie. Ouais, j’entends l’eau de la douche qui coule. Génial, il doit vraiment être dans une logique de tout effacer au mieux. C’était si naze ? Bon j’ai pas eu l’impression sur le moment, mais on peut pas dire que je garde un souvenir précis de grand-chose à partir du moment où on a commencé à danser dans cette boîte. Je me redresse mais je ne sais pas vraiment quoi faire. J’attends que l’eau arrête de couler. Je remarque que ses vêtements sont encore dans la chambre. Il va bien devoir entrer pour les chercher. Mais il n’entre pas. Bon, je vais pas non plus rester à attendre comme un con. Je me redresse en me composant un boxer rapidement, j’ai dû retirer celui d’hier comme ça de toute façon, juste en l’absorbant, c’est plus pratique, et le pousse doucement la porte au moment où il parle à mes pirhanas. Enfin, il leur demande s’ils ont déjà mangé de l’humain.

– Nan, je veux pas qu’ils choppent une indigestion vu le genre de type que j’aurais à leur donner.

J’ai parlé sans trop réfléchir en sortant complètement. C’est pas l’exacte réponse, mais elle sonne bien et elle m’avait l’air assez marrante. La vraie raison, c’est aussi que j’ai personne à tuer à Genosha donc j’ai pas eu d’occasion locale et je veux bien être taré mais pas au point de congeler des doigts et des oreilles dans un pays étranger pour les offrir ensuite à mes poissons. Theo est juste en serviette de bain. J’ai pas de conclusion à en tirer vu que les fringues sont dans la chambre et qu’il a un tas de bonnes raisons de ne pas avoir voulu y entrer de suite, à commencer par éviter de me réveiller. Je sais pas trop quoi dire. « Salut » ? Non, ça fait con, et je viens déjà de parler. Je vais juste vers le frigo pour attraper un soda, vu que j’en ai toujours qui traînent. Je bois une longue gorgée au goulot pour me donner les idées un peu plus claires, même s’il va m’en falloir beaucoup plus pour me retaper. Ma stratégie avec ma mutation c’est de dépenser un maximum d’énergie en un temps record pour évacuer toutes les toxines, ce qui implique aussi de détruire pas mal de trucs autour de moi pour les synthétiser en énergie, sauf que ça risque d’être bizarre là tout de suite donc je me contenterai du minimum. J’apporte le soda à Theo vu que j’imagine qu’il a pas osé ouvrir le frigo, c’est pas un connard sans gêne comme moi.

– Tiens, si t’en veux.

Je m’assoie à côté de lui, et je sais absolument pas quoi dire. C’était vachement plus facile avec de l’alcool. Je regarde mes poissons dans la table. Ils sont cool mes poissons. Je crois bien que Berretta a un peu grossi. Putain, faut que je dise un truc pas trop stupide. « Bien dormi ? » mdr. Non, sérieusement… Tout me semble archi nul. Comment font les gens ? Bon. Je suis chez moi. Oui c’est une évidence, mais je dois reprendre à zéro. S’il veut partir, je crois que c’est à lui d’en parler et pas à moi vu que, si je le fais, il va sans doute me le confirmer quel que soit son avis, parce qu’il est certainement poli. Généralement, si quelqu’un te demande si tu veux rester chez lui, ça se fait pas de dire « oui » et j’ai pas forcément envie qu’il parte, et surtout de ne pas savoir s’il le fait parce qu’il veut vraiment se sauver ou parce qu’il a l’impression que je le mets dehors. C’est compliqué. Bon ok. Je suis chez moi, je suis l’hôte, on va faire simple.

– Je sais pas pour toi mais j’ai super faim, un truc te ferait plaisir, en dehors du chinois ?

Je lui fais un petit sourire qui se veut un peu complice. Peut-être que ça atténuera l’impression que je donne peut-être de type qui en a rien à fiche. Enfin, je sais pas trop. J’ai pas l’habitude d’être dans cette situation de mec qui doit tout gérer sur un plan émotionnel et je comprends vraiment pourquoi.

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Theodore Wu

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMar 16 Mar - 2:50

C’était peut-être lâche de laisser Yitzhak se réveiller seul. Je me suis fait la réflexion dans la douche, le visage dans le jet froid qui a juste un peu diminué mon mal de crâne. Mais j’aime pas les situations compliquées, et la tendresse du matin avec un quasi inconnu terroriste cinglé – c’est pas parce que je l’aime bien maintenant que je le trouve pas fou – c’est juste impossible à gérer. Se croiser ensuite en étant plus distancés, ça permet plus de calme. Ça ne force rien, quoi.

Je sursaute quand une voix répond à ma question. Ce n’est bien sûr pas celle d’un des poissons. Je me tourne vers Yitzhak en levant les sourcils avec un petit sourire.

-C’est vrai que je suis peut-être pas le choix de viande tendre qui les ferait rêver.

Yit se prend un soda, le partage. J’accepte en essayant de pas avoir l’air trop dans l’attente. Je l’observe, mais je ne le scrute pas. Je reste détendu en apparences, mais je suis nerveux.

Il regarde les poissons. Est-ce qu’il faudrait que je parle? Peut-être qu’il cherche comment me dire de partir. Ça fait déjà deux nuits que je passe ici. La seconde plus agréable que la première. Du moins, pour moi. Oh. Il regrette peut-être. Je ne serai pas le premier à rendre ce qui s’est passé bizarre, mais je suis prêt à en remettre s’il commence. Et son comportement m’a prouvé plusieurs fois qu’il aime bien le conflit. Peut-être que ça lui donne un sentiment de contrôle; des buts clairs, un ennemi précis en dehors de lui-même. Parce que j’ai conclu que mon sauveur est plus flippé qu’il essaie de le faire croire. La sortie d’hier déborde d’indices : de l’incapacité à rester à un seul endroit à la perte de maîtrise de soi avec l’alcool, en passant par le choix du bar gay. J’ai bien sûr apprécié chacun de ces aspects parce que je suis très con, mais ce n’est pas le sujet. Yitzhak dégage un truc pas clair, et je ne parle pas cette fois-ci de son amour impossible à manquer pour les armes à feu. Ça m’intrigue plus que ça me stresse, mais je suis soulagé quand il offre de manger. Et avec le sourire en plus. Je retiens de justesse une blague de mauvais goût sur ce qui me ferait plaisir.

-J’imagine qu’il y a de la pizza dans cet endroit paradisiaque? Enfin, je suis très ouvert après les menus de la prison.

Je fais de mon mieux pour afficher enthousiasme et ouverture – pas mes forces au naturel, on commence à le savoir. Yitzhak se comporte assez normalement à première vu et je veux l’encourager à rester de bonne humeur, après avoir vu ces derniers jours comment il s’énerve facilement.

Ça me gêne un peu de ne rien dire sur nos débordements de cette nuit, mais c’est plus simple. S’il ne veut pas en parler, aborder le sujet risque de nuire plus qu’aider. Ça ne sert à rien de se mettre mal à l’aise ensemble à se dire ce qu’on sait déjà, sauf s’il y a un but derrière. Et pour le moment, je ne vois pas ce qu’il y a à mettre au clair. Nous ne nous connaissons pas assez pour décider si ça risque de se reproduire en des circonstances moins alcoolisées, ni non plus pour projeter si c’est un truc qui gênera ou non.

Je n’ai pas vraiment d’expériences similaires pour comparer et déduire. Yit en a-t-il? Si je lui pose la question, il me tuera certainement. Je lui ai demandé des trucs beaucoup plus normaux et j’ai failli être jeté de l’avion.

Je regarde encore les piranhas. Difficile de trouver quoi dire quand le but est, à l’inverse de mes habitudes, de ne pas provoquer.

-Je crois que Remington m’aime bien, dis-je en pointant le poisson au format du milieu.

J’ai pas retenu les autres noms, mais j’ai déjà tiré avec un Remington – pas un piranha, une arme – donc c’était facile pour celui-là. J’espère toutefois pas utiliser ce poisson pour exploser par accident du matériel scientifique.

-Les autres, c’est aussi des armes à feu?

Tant pis s’il note encore une fois que je connais pas autant de trucs que lui. Je veux faire un effort, et je sais pas de quoi lui parler parce que tout autour de nous est bizarre, mais pas autant que tout entre nous. Mouais, en fait, peut-être que je suis pas détaché que ça sur le sujet.
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Yitzhak Anavim

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMar 13 Avr - 14:29

Bon, je commence assez mal mon entrée vu que je fais sursauter Theo. J’avais pas pensé en répondant du tac au tac que je risquais de le surprendre. En plus, j’ai visiblement pas été assez claire dans ma « blague ». Il a cru que je parlais de lui quand je parlais de type capable de donner une indigestion à mes poissons… Ou alors il fait une plaisanterie là-dessus pour me gêner, vu qu’il a pas l’air de mal le prendre. J’en sais rien. Mais si c’est pas le cas, je sais que j’apprécie pas vraiment de passer pour le genre de con qui fait des blagues méchantes gratuites sur les gens. Dans ma tête, c’est évident que les seules personnes que je suis prêt à tuer sont des sales types, mais dans la tête d’un mec à peu près normal, tuer des gens n’est pas une partie intégrante du quotidien. Du coup, est-ce que je dois pour autant corriger l’erreur ?

– Nan, je parlais pas de toi.

Les mots m’échappent quand même, alors que je me dirige vers le frigo pour prendre un soda et le ramener. Je bois. Il boit. Nous buvons. Et je suppose que nous cherchons tous un truc intelligent à dire. Comme je ne trouve rien, je propose de manger vu que, en parlant de viande humaine, j’ai super faim et on ne va pas attendre que la situation se débloque par magie pour manger un truc. Ça a l’air de détendre Theo comme proposition. Je suppose que c’est toujours bien de proposer un truc normal dans une situation qui ne l’est pas. Il suggère une pizza, c’est très bien. J’aurais surtout pas voulu un truc trop sophistiqué après tout l’alcool que j’ai descendu.

– Bien sûr, il y en a des très bonnes ! J’en commande un peu trop souvent même. Il y a des trucs que t’aimes ou que t’aimes pas en particulier ?

Je préfère demander ça plutôt que « tu veux quelle pizza » parce que j’ai vraiment pas envie qu’on passe 30 mn à feuilleter la carte. Ça pourrait donner une occupation, mais c’est une occupation assez naze, le genre que t’as entre deux publicités d’un match de sport. Une fois qu’il me donne la réponse, je passe rapidement commande sur le site de ma pizzeria préférée et ça nous laisse une bonne demi-heure à tuer avant l’arrivée du livreur. Faudrait vraiment que les restaurants s’équipent d’un téléporteur… Enfin, même avec ça, ça fera pas la pizza se cuisiner plus vite. Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ? Regarder les poissons ? Ouais, ça sert à ça aussi d’avoir des animaux, même si j’ai jamais pu expérimenter, à faire la discussion. C’est Theo qui finit par rompre le silence en me disant que Remington a l’air de bien l’aimer. Il désigne effectivement Remington. C’est plutôt… mignon qu’il ait retenu le nom du poisson. Ça m’arrache un sourire.

– Tu vois bien que tu as l’air appétissant pour eux. Enfin, pour Remington. J’ai toujours su que c’était un poisson de goût.

Ouais, il n’y a pas à dire, les animaux ça aide un peu à briser la glace. J’ose un sous entendu un peu plus clair, vu que je ne sais toujours pas comment aborder le sujet de ce qui s’est passé entre nous. Bon, s’il regrette, il risque de me trouver gênant, mais j’ai l’impression que je peux me le permettre. S’il comprend l’intention, peut-être qu’il pourra me donner un indice aussi sur la manière de poursuivre cette discussion. Pour l’instant, il faut bien meubler en répondant à une question de Theo qui m’a un peu surpris, si Beretta et Browning étaient bien des armes à feu. J’ai eu un regard un peu perplexe sur le moment, genre presque méfiant. Je me suis vraiment demandé si c’était une question pour faire la conversation ou une vraie question. Non parce que avec les jeux vidéos, c’est de plus en plus difficile de rencontrer un jeune homme sans ce genre de références. Je retiens quand même un sarcasme. J’ai pas envie de retomber dans une dispute ou de prendre le risque de le vexer direct en passant pour un con méprisant, je crois que c’est une vraie question, et que c’est aussi un vrai effort pour s’intéresser à moi.

– Oui, ce sont de vieilles marques d’armes. Enfin, vieilles, elles sont toujours utilisées, surtout les beretta. C’est un peu la marque phare des films d’action, genre James Bond. – Je pourrai lui faire l’historique détaillé de ces marques, mais je pense pas qu’il en demande autant pour le moment, alors je prends la référence la plus facile qui me vient en tête. S’il veut vraiment en savoir plus, ça sera plus intéressant de toute façon de lui montrer les armes en physique et de les lui faire tester. Là, je risque de devenir bavard sur l’évolution techniques, les capacités de chacune etc. Je pourrais lui proposer de lui montrer tout ce que j’ai en réserve, mais ça me semble encore une fois pas entrer dans le registre de choses normales à faire pour une tentative de rencard. Donc, à la place, j’enchaîne avec une blague sur un de mes piranhas : – Je crois pas que ce soit bon pour l’ego de mon Beretta, une telle référence d’ailleurs. Après, j’ai pas une adoration particulière pour ces marques en question, mais je trouvais ça marrant à donner en prénom.

Je veux pas passer pour un genre de fanatique non plus. Enfin, n’importe quelle arme bien faite va m’intéresser, mais les armes que je préfère, c’est quand même celles que je conçois. Dit comme ça, pas certain que ce soit mieux. J’arrête enfin de fixer les poissons pour me retourner plus directement vers Theo. Il est toujours en serviette de bain. Je ne sais pas s’il attend quelque chose, ou juste l’autorisation d’aller s’habiller. J’ai pas tellement d’indices là, il est beaucoup plus discret qu’hier et je me sens comme un con. Hier, je ne réagissais pas à ses sous-entendus, et c’est son tour de ne pas trop réagir aux miens aujourd’hui. Là, je me sentirais vraiment prédateur de l’approcher, pas comme hier. C’était vraiment n’importe quoi. D’habitude, je gère mieux « l’après ». Mais, d’habitude, j’ai pas un rôle social important à tenir, c’était avant tout ça, c’était loin, il y a plus d’un an. Je sais même plus exactement. Je m’enfonce dans le canapé en soupirant légèrement. J’ai toujours les idées très confuses. Faut que je dise un truc, peut-être un genre d’aveu sur tout ça.

– J’ai vraiment trop bu hier… Je sais vraiment pas ce qui m’a pris, ça fait longtemps que j’avais pas exagéré comme ça…

Longtemps… Avant de m’engager officiellement en politique… Avant d’avoir une image à tenir… La boîte de nuit… Theo… J’ai soudain les yeux qui sortent de leurs orbites et je me redresse comme un ressort. On est rentrés tard. Il est midi passé. Je n’étais même pas à visage caché. Les gens ont dû prendre des films, les films doivent déjà circuler massivement. Est-ce que je peux seulement rattraper ça ?

– Désolé… Heu… Je dois vérifier un truc sur l’ordi… Tu… Tu peux t’habiller si tu veux…

Je lui parle déjà à moitié ailleurs, en jetant des regards un peu partout et nulle part à la fois. J’ai vraiment pas envie d’allumer Internet et de ne retrouver non seulement face à ma connerie, mais face à des images de soi qu’on a jamais très envie de voir, encore moins quand c’est exposé sur la place publique. Faut que je respire et que j’aborde ça calmement, la tête froide, même si c’est dur. Il me faut pas beaucoup de temps avant de trouver des traces de vidéo prises avec un téléphone. Ça a dû être relativement partagé. C’est potentiellement déjà arrivé aux médias qui préparent un article. Est-ce que je peux seulement arrêter ça ? Ma première pensée est que non. Et en plus j’ai la tête qui tourne. Un seul relâchement, et tout s’effondre. Je me prends la tête dans les mains. Réfléchir. Calmement. Je peux pas couper tous les réseaux par magie. Je ne peux pas effacer ce qu’ils ont vu de la mémoire des gens qui ont vu. Mon orientation sexuelle est connue. Mon attitude délurée, c’est clairement pas propre pour mon image de marque, ça c’est certain. Et il y a encore plus grave, il y a la possibilité d’identifier Theo, évadé de prison en Californie la veille. Ça fait loin, la Californie. Ça peut être improbable, ça peut ressembler à un hasard. Je relève un peu la tête. Je fais d’autres recherches plus ciblées. Bon, les gens ont pas l’air d’avoir fait le lien avec lui, une chance qu’il soit asiatique aussi, et que je lui aies mis sur le moment des photos un look assez improbable pour un évadé de prison qui n’a absolument pas ce genre de caractère, mais il faudrait pas qu’un petit con commence à lancer l’idée, et, sur Internet, il finit toujours par y avoir un petit con pour lancer ce genre de choses. Bon, c’est clairement une course contre la montre maintenant. Je vais devoir prendre le contrôle un à un des ordinateurs qui ont partagé des trucs, et mettre en place une surveillance très précise de la moindre fuite possible. Quand ça sonne à la porte, assez vite j’ai l’impression, je réalise que j’ai pour le coup zappé le Theo qui est toujours dans mon appart. Vu l’état dans lequel je suis et ce qu’il a dû constater que je faisais, je suppose qu’il se sent encore plus mal que moi. Je me lève pour aller chercher les pizza, en me recomposant une tenue un peu décente histoire de pas lui ouvrir en slip non plus, puis, pizza en main, je regarde Theo.

– Je crois que je vais devoir passer la journée à rattraper mes conneries. Enfin… – Et voilà, autant dire que l’embrasser, coucher avec, était juste une connerie que je regrette et que je voudrais oublier, histoire de le mettre encore plus mal. – Je veux pas dire que c’était une connerie de… Heu… J’aurais aimé t’accorder plus de temps mais… – Mais qu’est-ce que je raconte ? – Tu veux voir comment on pirate une centaine d’ordinateurs ?

Je pourrais aussi l’envoyer devant la télé, mais ça me semble un peu infantilisant et excluant, même si l’activité que je lui propose est probablement pas celle que t’attendrais un lendemain de soirée avec quelqu’un que tu connais à peine. En même temps, il n’est pas question de le laisser sortir tout seul, surtout vu les circonstances, et je ne peux vraiment pas lui proposer autre chose pour passer du temps avec lui. Je verrais bien s’il a l’air de préférer s’isoler sur la console de jeux ou pas, de toute façon. En attendant, j’apporte les pizza sur le bureau et je tire une deuxième chaise pour lui.
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Theodore Wu

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMar 20 Avr - 1:10

Yit me précise qu’il ne me donnera pas à manger à ses poissons. Je ne réponds pas, incertain de l’attitude à adopter. A-t-il peur de m’inquiéter sur une possible mort? Essaie-t-il de prévenir un risque de vexation de mon côté? Il n’a peut-être pas l’habitude qu’on blague sur un sujet trop proche de ses passe-temps meurtriers.

Je réalise que, l’ayant eu sous les yeux presque tout le temps depuis presque trois jours, je ne l’ai vu contacter personne ni s’isoler pour communiquer en privé. Il ne me fait pas l’effet de quelqu’un devant rendre des comptes à qui ce soit, mais il doit bien avoir une vie personnelle, non? Il a certainement prévu un vide social post-évasion pour gérer mon intégration à Genosha, mais son attitude me donne aussi l’impression que personne n’attendait de ses nouvelles après l’attentat. Soit il a parfaitement planifié son horaire, soit il est très seul à un niveau personnel.

Je donne rapidement à Yit quelques indications concernant la pizza, puis il appelle. Faire la conversation ne nous vient pas facilement. J’ai pour une fois la présence d’esprit de me retenir d’ajouter au malaise; je ne fais pas de blague sur comment nous nous entendions mieux cette nuit. Mieux vaut se concentrer sur les poissons.

Yit revient avec plus de naturel que tout à l’heure sur ma blague d’être dévoré par ses poissons. Je souris. Je ne sais pas si le sous-entendu est voulu ou s’il essaie plus d’être gentil.

-Content de savoir que je suis appétissant, dis-je en calquant son niveau de sous-entendu pas clair.

Poser une question qui se répond par oui ou non à Yitzhak, c’est aussi se préparer à recevoir une explication beaucoup plus longue que ce qui était attendu. Je souris pendant qu’il me raconte que James Bond utilise la marque d’un de ses poissons. C’est cool. J’ai jamais vu de film de James Bond, mais je suis pas assez amorti pour ne pas savoir qui c’est. J’aime juste pas regarder de films. Trop long. Je les termine jamais. J’en regardais un peu avec Hayden pour lui faire plaisir, mais je finissais souvent par m’endormir ou par ignorer ce qui se passait en scrollant à l’infini sur mon téléphone.

-Oui c’est cool comme choix de prénoms de poissons. Mes parents auraient pu avoir des références intéressantes aussi, mais ils ont plutôt choisi un vieillard moche comme origine pour le mien.

Je ne sais pas comment communiquer autrement que par blagues stupides.

Yit aborde de front la soirée d’hier, se lançant rapidement sur les thèmes de l’abus d’alcool et de l’exagération. Je reste inexpressif. Ce n’est pas la première fois qu’on me la fait. Habituellement, je recadre sèchement la personne qui essaie de se déresponsabiliser par incapacité à gérer sa honte après l’acte, mais je n’ai pas la force mentale de me lancer dans une dispute de plus avec Yitzhak. Qu’il se convainque que son erreur est justifiée si ça peut le faire se sentir mieux.

Je le dévisage quand il se met à se comporter comme un fou, une fois de plus. Qu’est-ce qui se passe? J’hésite en le voyant partir, mais je le suis à l’ordinateur, toujours en serviette de bain; je ne me vois pas lui souligner que mes seuls vêtements sont un peu voyants pour attendre une pizza tranquille chez lui alors qu’il est dans un état de panique. Je reste derrière lui mais dans son champ de vision, silencieux, et j’observe l’urgence qui l’absorbe.

Oh. Je suis cette urgence. Enfin, l’erreur alcoolisée de la veille est le problème. Yitzhak est connu; ses débordements attirent l’attention des gens. Assez pour qu’ils se partagent des vidéos. Pas l’idéal pour sa réputation… et pour mon anonymat. Je sens la pièce tanguer un peu. Est-ce que mon sauvetage est compromis? C’est égoïste de penser à moi quand Yitzhak court de grands risques aussi, mais je réagis d’abord à l’instinct. Pendant quelques secondes, je ne vois plus les écrans et je n’entends plus les clics. Je ne ressens que la peur. J’essaie de me raisonner : même si on me reconnaît, comment penser sérieusement que j’aie pu faire tout ce trajet et, surtout, me donner en spectacle comme un con dans un bar aussi rapidement? Je peux simplement être le sosie d’un Chinois dangereux à l’autre bout de la planète.

La sonnerie de la porte me fait l’effet d’un taser. Immobile, j’écoute Yitzhak qui va répondre, le livreur qui repart, ma respiration trop rapide et bruyante. J’inspire profondément plusieurs fois. Faut que je me calme.

De retour avec les pizzas, Yitzhak me rappelle que je suis une connerie. Bizarrement, la pique – même pas volontaire! Elle semble parfaitement naturelle et sentie! - me recentre sur le moment. J’aime presque comment il essaie de rattraper sa manière maladroite de laisser comprendre qu’il regrette ses agissements de la veille, mais sans arriver à être convaincant. En une autre occasion, j’aurais rebondi sur cette attitude pour le secouer un peu, mais il y a plus urgent.

-Ouais je pourrai ajouter un crime de plus à mon CV! Hum… Tu veux que je me rhabille en star de la piste de danser ou tu as d’autres trucs que je peux mettre?

Je me force à sourire. Je me doute bien qu’il a pas pensé que je ne suis pas chez moi avec tout un choix de garde-robe.

Une fois de retour devant les ordinateurs, je suis plus calme. Je suis à l’aise devant le chaos quand c’est pour me jeter dedans volontairement plutôt que le voir s’étaler sans pouvoir rien faire.

-Je peux aider en quelque chose?

Je n’y connais rien, il le sait. Il me prend probablement pour un imbécile, vu la moitié de nos discussions. Mais je me dis qu’il a peut-être un genre de copier-coller à me faire faire à répétition. Ou je peux remplir sa tasse de café en jouant l’assistant sexy pour lui faire regretter de regretter d’avoir couché avec moi.
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Yitzhak Anavim

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyJeu 27 Mai - 1:05

C’est pas simple de savoir comment réagir face à quelqu’un qui n’exprime pas grand-chose et ne répond que par des plaisanteries. A part avoir pu lui placer que, du coup, on était deux à avoir des parents qui avaient des idées à la con pour les prénoms, ça laisse pas franchement de prise. J’ai une façon de communiquer assez franche en général, voire trop, mais j’ai pas l’impression de réussir à ouvrir la moindre discussion de cette manière. Au contraire, ça a l’air de le mettre sur la défensive. Il n’a pas fait la moindre réflexion quand je lui ai lancé que je n’avais pas autant bu depuis longtemps. C’était l’occasion pourtant. Je sais pas, il aurait pu me dire « moi aussi », on aurait pu parler d’expériences passées à peu près racontables, enfin, une conversation normale pour se détendre mais non, il reste muet et prostré. Au moins, ça me laisse le temps de réaliser que j’ai vraiment merdé niveau couverture médiatique hier. J’oublie Theo un moment, le temps de rassembler les informations derrière mon écran, de réfléchir à un plan d’action et de calmer la panique qui menace de me gagner. Quand je vais ouvrir au livreur de pizza, je remarque qu’il n’a pas bougé. Il a l’air terrifié, bien plus que moi, étant donné qu’il n’a aucune prise sur la situation, mais je parle avant de le remarquer. Enfin, en même temps. C’est à dire que je l’ouvre tout en me faisant juste après la réflexion qu’il n’est pas bien. Bien sûr, j’ai le temps d’être potentiellement blessant en utilisant le mot « conneries » pour évoquer notre rapprochement de la veille. Il n’exprime rien, mais je sais que les gens peuvent se vexer vite. Ils aiment bien comprendre les choses de travers en les prenant personnellement. C’est pour ça que j’essaye de me corriger, sans y arriver. Je ne sais pas pourquoi je n’y arrive pas d’ailleurs. Sans doute parce que ce serait trop long à bien expliquer et que j’ai trop de pensées en tête. Je n’ai qu’une seule hâte : retourner devant l’ordinateur et me mettre au boulot. De son côté, Theo s’en sort encore avec une autre plaisanterie, puis il me rappelle qu’il n’a plus de vêtements vu que j’ai complètement customisé les siens. Quand je modifie la structure moléculaire d’une chose, ça ne redevient pas normal tout seul ensuite. Je me sens vraiment con de ne pas y avoir pensé plus tôt et de l’avoir laissé dans cet état. Je pourrais utiliser sa serviette pour lui faire un autre vêtement, mais ça me semble déplacé vu la situation.

– Heu… Ouais… C’est sûr… Bah… Il y a des trucs dans l’armoire de ma chambre. Prends ce que tu veux.

C’est pas beaucoup moins gênant, réflexion faite, de lui proposer de fouiller dans mes affaires pour mettre mes fringues. Ah mais cette situation me rend cinglé ! Je sais même plus vraiment ce qui traîne dans cette armoire. J’ai gardé quelques vêtements au cas où, quand je n’ai plus assez de molécules en moi pour en créer. Normalement, il devrait pouvoir trouver des trucs noirs neutres… parmi des couleurs plus criardes, des motifs plus loufoques et des T-shirt aux messages débiles. Vu que je ne mets rien d’informe, ça risque d’être moulant aussi. Bref, c’est pas la meilleure des idées de l’envoyer fouiller dans ce délire de trucs acheté pour la plupart sur des coups de tête. Il doit même rester les étiquettes de certains, et à des tarifs anormalement chers, parce que bon, oui, j’adore faire flamber ma carte bancaire dès qu’un truc me plaît et que je suis d’humeur stressée. J’essaye de ne pas trop y penser pour me concentrer sur l’effacement des preuves. Il se débrouillera, tant pis. Quand il revient, il me demande timidement s’il peut aider. Je tire un chaise devant un écran pour qu’il puisse s’installer. Mon espace de travail est composé d’un assemblage en demi cercle d’une dizaine d’écrans. J’ai plusieurs tours aussi, ça me permet certaines manipulations parfois, et donc plusieurs claviers aussi, ce qui permet à Theo d’avoir accès à un écran complètement indépendant de mon ordinateur principal pour « faire des trucs ». Je pose une pizza entre nous aussi. Je l’ai pas attendu pour prendre une part d’ailleurs. Je la tiens à moitié entamée dans la main et je me fais la réflexion que c’est peut-être pas super poli. Bref, on va dire qu’on s’en fout.

– Tu peux même faire la même chose que moi en fait. Viens, je te montre.

Je repose la part de pizza pour allumer le pc secondaire. J’attrape aussi une feuille et un crayon pour pouvoir lui noter les étapes essentielles au fur et à mesure que je vais lui expliquer la manipulation, parce que c’est pas forcément dur une fois que c’est intégré, mais je me doute qu’il ne va pas le retenir par cœur dès le premier coup, alors qu’il n’a pas de formation en sécurité réseau.

– Donc, là on a cette personne qui a eu accès à la vidéo, et ce qu’on veut, c’est entrer dans son appareil…

Je me lance dans des explications détaillées pour lui montrer comment ça se passe en lui expliquant que, la plupart du temps, la manipulation fonctionnera car les gens ne savent pas du tout se sécuriser. Dans le cas où ça ne marche pas, je récupère le cas. Sur le moment, j’oublie un peu l’urgence, je suis à l’aise sur ce sujet et j’aime bien en parler. Sans trop y faire attention sur le moment, je me rapproche beaucoup de lui à force d’être penché devant son poste de travail et de prendre les commandes de l’ordinateur à sa place pour écrire un code ou cliquer sur la souris. Je m’en rends compte après avoir appuyé sur sa main pour le faire cliquer plus vite, en réalisant que j’abusais peut-être un peu avec mon impatience, même si je reste calme dans mes explications, mais, comme il ne me repousse pas, je le prends pour une invitation à continuer, moins par impatience cette fois qu’envie réelle d’avoir un prétexte pour me rapprocher l’air de rien.

– Mon maintenant qu’on est sur l’ordinateur de ce type, il va falloir regarder tout ce qu’il a fait dans les dernières heures. Ça demande pas d’énormes compétences ici, à part de la vigilance. Fichiers téléchargés, derniers historiques de mails, de sms aussi quand c’est un téléphone, l’historique web et tous les réseaux sociaux qu’il a pu utiliser. Tu risques de trouver des trucs chelous et marrants au passage mais on va essayer de pas trop s’y attarder, même si tu as parfaitement le droit de te moquer.

Je lui fais un sourire en coin. Faut dédramatiser un peu le fait d’entrer comme ça dans la vie privée d’un tas de personnes, mais c’est un peu comme tuer, ça fait bizarre les premières fois, ensuite on s’en fiche. Je ne vais pas lui donner cette comparaison cependant, il se rendra bien compte lui même que la facilité d’accès à toutes ces données les rend très banales, et que les gens sont souvent très banals aussi d’ailleurs, mais drôle. Les historiques de recherche, c’est toujours drôle.

– Ah puis, tu installeras ce programme aussi avant de partir quand ce sont des ordinateurs. – Là je vois qu’il me regarde un peu bizarrement, on sort du cadre de l’effacement pur et simple des vidéos. – C’est pas vraiment un virus mais… Bon, ok c’en est un, c’est juste que ça serait dommage de bosser toute la journée sans rien y gagner. Leur ordinateur fera juste des trucs en arrière-plan pour moi, ils s’en rendront pas compte. – Je sens que je risque de partir dans des explications longues et hors sujet sur comment gagner de l’argent par le minage et donc, que même si j’ai très envie de profiter de l’occasion pour augmenter un peu mon capital, je risque d’y perdre encore 30 précieuses minutes au moins. – Je t’expliquerai plus tard, laisse tomber, fais comme tu veux.

On y passe effectivement du temps, mais ça se passe plutôt bien. J’avais beau dire à Theo de ne pas s’attarder sur les données privées des gens, je ne peux pas m’empêcher moi-même de faire un tas de commentaires sur ce que je trouve, et parfois de m’attarder sur des trucs quand ça a l’air particulièrement drôle, le tout en mettant des musiques electro sensées nous motiver. Je fais vite dédramatiser tout ce qu’on est en train de faire, et une fois qu’il a pris la main, je lui explique au milieu des suppressions de vidéos et d’historiques en quoi consiste mon « virus », juste un truc pour que les ordinateurs fassent des calculs de cryptomonnaie qui seront directement rémunérés sur mon compte.

– Après c’est un peu la loterie. On va pas forcément tomber sur de bonnes machines et certaines vont rien rapporter. J’ai déjà de quoi faire chez moi, mais ce qui importe c’est le volume, puis c’est plus sympa que vider leurs comptes bancaires. Je prends tout ce qui est bon à prendre, c’est comme ça qu’on ne manque jamais de rien et qu’on a pas besoin de faire des révérences pour réclamer des levées de fonds à des têtes de glands. – Évidemment, c’est loin d’être une réponse à la fortune que j’ai, mais une fortune ça s’entretient, et je pense très fort aussi à mon grand-père quand j’évoque les « têtes de glands ». Je me renverse en arrière sur mon siège en m’étirant après avoir dit ça. – Bon je crois vraiment qu’on touche à la fin du grand ménage ! Vraiment désolé pour la frayeur. J’ai voulu être connu pour arrêter de passer ma vie à cacher ce que je faisais, mais finalement, je crois que c’était quand même moins compliqué.

Je me cache pas vraiment moins non plus, mais je suis moins obligé de rester dans mon coin surtout, j’ai une vraie couverture officielle intéressante qui me permet d’agir, mais ça ne me fait pas rencontrer plus de monde sur le plan privé et je ne peux même plus faire n’importe quoi à visage découvert donc c’est vrai que, parfois, j’aimerais, quelques jours, revenir à la vie plus confidentielle d’avant.
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Theodore Wu

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MessageSujet: Re: Vers de nouveaux horizons   Vers de nouveaux horizons - Page 2 EmptyMer 9 Mar - 22:50

Je voudrais me faire croire que je n’ai pas l’habitude d’être si stressé, mais je suis surtout doué pour avoir l’air tranquille, et pas pour l’être réellement. Hier soir et cette nuit, je ne manquais pas de distractions. Et même durant le trajet, en me disputant sur tous les sujets possibles avec Yitzhak, je pouvais me concentrer sur le terroriste fou qui était devenu mon principal contact humain et sur ses projets me concernant plutôt que sur tout le reste. Mais ce matin, au calme et convaincu des bonnes intentions de Yit, je ne repousse plus aussi bien l’angoisse. C’est en bonne partie pourquoi je ne sais plus comment m’exprimer. Je ne veux pas le provoquer, je ne veux pas non plus être naturel. Je ne trouve pas d’entre-deux satisfaisant.

Les photos de nous deux m’ont forcé d’un coup à prendre conscience que je suis maintenant un grand criminel en cavale. C’est un truc qui s’oublie un peu quand on sort faire la fête avec un beau jeune homme dans un décor paradisiaque. Et je n’y pensais pas du tout cette nuit non plus. On pourrait croire que la prison m’a forcé dans une attitude de déni, mais j’ai toujours eu tendance à mettre de côté les trucs dérangeants en attendant qu’ils ne me fassent plus rien. Ça fonctionne bien quand ils ne me reviennent pas trop vite dans la gueule.

Yit s’est vite mis en action pour travailler sur le problème, ce qui m’a permis de me bouger aussi. J’ai mis ce qui me semblait le plus neutre dans ce qui était rapide à prendre. Pas le temps de m’amuser à lire sa pile de hauts néons. Dommage. Et ce n’est que sur le chemin du retour que je remarque le fin texte en écriture stylisée rose sur mon t-shirt noir : « Nobody knows I’m gay ».

Yit ne se fait pas prier pour me donner un truc à faire. J’écoute attentivement ses consignes de piratage ainsi que ses explications sur la naïveté informatique des gens. Le sujet le passionne, ça me fait un peu sourire. Je répète facilement les étapes, détendu par le sentiment de contrôle qui me revient doucement. La moralité douteuse de ce que nous faisons ne m’échappe pas, d’un point de vue théorique. La vie privée des gens et bla bla. Mais les pirates informatiques n’ont pas été inventés ce matin; les gens sont au courant des risques d’utiliser des appareils de communication.

Je bloque quelques secondes quand Yit me demande d’installer un programme. Ça paraît très facile pour lui d’envahir les gens – je ne parle pas de moralité (bien que ça aussi!), mais de capacités. Je le fixe en me demandant à quel point il arrive à tout faire. Je passe à un cheveu de lui en parler, mais sa manière de vite conclure le sujet tout seul en décidant de ne rien m’expliquer me décourage de m’investir dans la conversation. Je me concentre sur mon travail – et j’installe bien sûr ce virus sur tous les ordinateurs que je rencontre. Je fais mine de ne pas remarquer la proximité de Yit, à la fois parce que je ne suis pas certain qu’il le fait exprès et parce que je veux le faire payer un peu pour m’avoir traité de connerie, mais je reste détendu et ne m’éloigne pas.

Partageant l’enthousiasme de Yit pour la connerie des gens, j’essaie de ne pas ralentir mon travail tout en lui sortant quelques trouvailles marrantes. Entre autres : un mec qui a cherché si son bébé à naître risquait d’avoir le même tatouage que lui, une fille incertaine d’être la mère du bébé duquel elle est enceinte et une dame qui a demandé à un moteur de recherche si son mari revenait bientôt des courses. À un moment, les yeux rivés sur l’écran, je repense à comment Yitzhak m’a dit être au courant de mes principales traces sur l’Internet. Je prends un peu plus conscience du temps qu’il a dû mettre en lecture à mon sujet. Normal qu’il se soit intéressé à son sujet de sauvetage. Ce n’est pas ce qui me marque. C’est la sélection de musique dans l’avion qui me repasse à l’esprit. Yit a choisi de mettre du temps sur ce petit truc personnel. Il a voulu me faire plaisir. Il est allé sauver un mec qu’il avait l’impression de connaître après ses recherches et lui a préparé une petite attention pour le faire se sentir plus confortable. Je m’explique un peu mieux son niveau d’hostilité dans l’avion : le choc entre l’idée de ma personnalité et ma vraie personne devait le déstabiliser, en plus de toutes mes questions quand lui n’en avait aucune à me retourner.

Yit m’explique finalement le fonctionnement de son virus. Je l’encourage dans ses explications en affichant une ouverture à ses méthodes. Je n’ai jamais été partisan de l’idéologie comme quoi travailler dur donne plus de mérite à l’argent. L’argent, c’est l’argent. C’est préférable d’en avoir, quoi. Je n’ai jamais été particulièrement intéressé par la richesse, mais ça se voit que Yit est du genre à avoir de grandes idées et de grands projets, et ça coûte cher, l’ambition. Moi, paraît que j’en manque. Ça fait des années qu’on me le répète.

-Si l’anonymat te manque trop, tu pourras changer d’identité. Tu maîtrises déjà le garde de prison.

J’ai sauté sur l’occasion de troller un peu parce que j’ai vraiment pas envie de revenir sur le moment de frayeur de tout à l’heure. Mais j’ai aussi l’impression que Yit ne me laissera pas m’en sortir avec une blague de plus, donc je me force à ajouter :

-Ça t’arrive de pas trouver de solution à un problème? Ça assez fascinant, à quel point rien ne te résiste.

Je suis sérieux, sans sous-entendus, promis! Je lui ouvre la porte à me parler de lui sans question trop précise et stressante.
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